Cinema
[Critique] « Deadpool » : décevant !

[Critique] « Deadpool » : décevant !

10 February 2016 | PAR Geoffrey Nabavian

Le plus dingue des super-héros de la gamme Marvel, nous avait-on promis. On attendait le film au tournant, il se révèle bien moins ébouriffant que prévu, et surtout ni très original, ni très méchant…

[rating=2]

On lui aurait bien donné trois étoiles. A cause de ses petits moments de folie. Et puis, on s’est souvenu que, ces trois étoiles, on les avait filées à Mad Max : Fury Road, qui portait, lui, une grosse folie, une vraie (dans sa première demi-heure). On est au regret de dire que Deadpool ne décolle pas de son statut : celui de film d’action assez ordinaire. Et même si on connaît mal les aventures de ce super-héros Marvel, capable de briser toutes les limites, y compris celles de la case de BD, on parie que ce film ne restitue qu’une toute petite part de son délire.

Deux grosses scènes de bagarre, un flash-back sur la vie passée de notre héros, l’histoire de ses pouvoirs, sa vie nouvelle, et sa quête pour retrouver son apparence normale : voilà le menu. On en dira très peu sur l’action, assez fade : un délire pas assez poussé dans la scène de poursuite d’ouverture, et trop de clichés dans le moment final. On pourra aussi trouver pas très stimulante la vie « normale » de notre personnage : ambiance et dialogues façon Quentin Tarantino des débuts, mais sans le talent, situations déjà-vues… Wade Wilson, futur Deadpool et bad guy comme Hollywood sait les fabriquer, traîne dans son bar fétiche, rencontre Vanessa, s’éclate avec elle… Destroy, l’ambiance ? Pas franchement : tout cela est aseptisé…

Le film devient tout à coup intéressant lors du long passage dans le labo. On le remercie alors de nous avoir bombardé, jusque-là, de vannes sexuelles et de dialogues vulgaires, assez répétitifs et pas bien méchants. Car un contraste se crée : le ton se fait plus dur, une ambiance sans issue s’installe. Et surtout, le méchant fait son entrée. Il est interprété par Ed Skrein (le premier Daario Naharis de Game of Thrones). Qui sait lui donner un côté cruel, dangereux, mais aussi génial, et… drôle. Miracle ! on rit ! alors que les situations sont atroces !

Hélas, ça ne continue pas. On aime les retrouvailles avec l’éternel compère (sympathique T.J. Miller), qui sort quelques bonnes blagues. Et la scène où Wade tente d’aborder sa chérie. Mais la suite déroule un programme paresseux… Et Colossus, et Negasonic Teenage Warhead, qui prêtent main forte à Deadpool ? Inutiles. De très bonnes idées, guère développées. Tout le film est à l’image de ces quelques éléments semés çà et là : on aurait aimé qu’il dure plus, que les personnages aient de vraies histoires, façon Avengers 2. Qu’une vraie folie sorte. Là, tout est basique. Un dernier mot ? Pauvre Ryan Reynolds, interprète principal (Buried for ever, certains comprendront). On l’aime bien, pourtant, et on aimerait bien le voir dans un film digne de lui…

Deadpool, un film de Tim Miller. Avec Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein, Stefan Kapicic, Brianna Hildebrand, Gina Carano, T.J. Miller, Jed Rees, Karan Soni, Leslie Uggams. Comédie d’action, Américain. Durée : 1h47.

Visuels : © Twentieth Century Fox

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

2 thoughts on “[Critique] « Deadpool » : décevant !”

Commentaire(s)

  • trineor

    “On lui aurait bien donné trois étoiles. A cause de ses petits moments de folie. Et puis, on s’est souvenu que, ces trois étoiles, on les avait filées à Mad Max : Fury Road…”

    Le problème, c’est peut-être d’avoir sous-noté Fury Road à la base, alors ?

    February 11, 2016 at 3 h 20 min
  • Bonjour trineor,

    J’ai trouvé Fury Road excellent principalement dans sa première demi-heure. La toute première poursuite.
    Là, le film est totalement jusqu’au-boutiste. Après, il l’est moins, il devient plus banal.

    C’est rare pour un blockbuster d’être jusqu’au-boutiste, et les gros films sont de moins en moins originaux.

    Je pense qu’on peut être exigeant avec eux. Pour ne pas les laisser tomber dans la banalité.

    Deadpool, pour sa part, est banal, je trouve. On pourrait mettre n’importe quel héros d’action dans le rôle principal…

    February 11, 2016 at 12 h 33 min

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