Cinema
[Critique] « Babysitting » : folie douce, trop douce

[Critique] « Babysitting » : folie douce, trop douce

12 April 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

Il contient toute notre époque, ce film réalisé par Philippe Lacheau et Nicolas Benamou ! Marrant. On y a quelques éclats de rire aussi, grâce à deux-trois gags bien amenés. Marrant, donc. Mais juste quelques éclats de rire… Pas beaucoup. Naturel, détendu, mais pas assez énorme quoi.

[rating=2]

BabysittingLe naturel est vraiment l’arme de Philippe Lacheau et de ses compères, Tarek Boudali et Julien Arruti, remarqués sur Canal + grâce aux sketches de la « Bande à Fifi ». Dans Babysitting, ils signent ensemble le scénario et incarnent les trois rôles principaux. Hélas, le naturel, ça ne fait pas tout. L’idée: Franck –Philippe Lacheau- mec un peu rêveur, s’est vu confié par son patron la garde, pour une soirée, de son insupportable fils de dix ans. Pas de chance pour lui: cette garde se fait le soir de ses trente ans. Et les deux copains ont décidé de maintenir la fête prévue, en conviant une trentaine de personnes… chez le patron absent.

Pas mauvaise, l’idée. Délirante a priori. Mais déjà vue autre part: dans le fameux Projet X (2012) notamment. Ici, le naturel des interprètes fait bien les choses au début. Jusqu’à quelques chutes de rythme, pour cause de bons sentiments… Et si les acteurs rigolent de façon communicative –Vincent Desagnat en particulier, qu’on aime bien- ils sont moins justes dans les scènes avec un poil d’intensité, et trop sur la même ligne…

Ce qui est drôle, par contre, c’est qu’on retrouve plein de choses, dans Babysitting : Facebook, bien sûr, mais aussi un trajet en kart qui rappelle les actuelles tendances « mariokartiennes » de nos amis les trentenaires ; You Tube, certes –et deux de ses stars, les « Palmashow » Grégoire Ludig et David Marsais, dionysiaquement vêtus- mais aussi un gamin projeté à quatre heures du matin dans une fête sans limites, qui nous fait penser à ces jeunes qui découvrent aujourd’hui tout à toute vitesse… On mentionne ici réseaux sociaux et sites Internet parce qu’ils s’insèrent dans le naturel du film, qui nous renvoie, agréablement, à nous-mêmes. Mais pourquoi se sent-on aussi obligé de citer Projet X ? Parce que son parti-pris était de se concentrer sur la fête elle-même. Qui dégénérait jusqu’à devenir dantesque et à nous offrir, disons-le, un –léger- moment de cinéma marquant. Babysitting a plutôt misé sur les caractères. Ils ne sont pas assez variés pour qu’on se gondole de rire. Au final, le film se voit bien, mais s’oublie. Sale époque, plus rien ne nous étonne…

Babysitting, un film réalisé par Philippe Lacheau et Nicolas Benamou, avec Philippe Lacheau, Tarek Boudali, Julien Arruti, Alice David, Enzo Tomasini, Vincent Desagnat, Gérard Jugnot, Clotilde Courau. Comédie française, 1h27.

Visuel: © Universal Pictures International France

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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