Cinema
Compliance : Craig Zobel dissèque les ressorts pervers de l’obéissance

Compliance : Craig Zobel dissèque les ressorts pervers de l’obéissance

05 September 2012 | PAR Yaël Hirsch

Sélectionné cette année à Sundance, en compétition à Locarne et au Festival Américain du film de Deauville, le deuxième long-métrage du réalisateur acclamé pour “Great World of Sound” (2007) s’inspire d’un fait divers pour interroger à nouveau la “Servitude volontaire”. Un film d’ambiance, aux images léchées et qui tient sur l’excellence de ses comédiens. Sortie en salles le 26 septembre 2012.

Un fast-food d’une banlieue de l’Ohio se prépare au coup de feu du vendredi soir qui s’annonce très animé : un réfrigérateur est resté ouvert et les équipes sont à court de cornichons et très serrés en bacon et on annonce un inspecteur qui pourrait s’avancer incognito vers la caisse pour se commander un repas et vérifier sa qualité. Patronne aussi énergique que pleine d’empathie, Sandra, la gérante (Ann Dowd) a mobilisé toutes ses équipes pour une série de repas plus que parfaits. Mais un coup de fil d’un inspecteur de police vient bouleverser encore l’odre tendu de cette soirée de travail. Une femme aurait accusé la jeune, belle et surtout intègre Becky (Dreama Walker), employée du fastfood d’avoir volé de l’argent de son sac depuis son comptoir. L’officier de police au bout du fil explique que les forces de l’ordre doivent venir mais que pour faciliter l’enquête, en attendant… Sandra doit soumettre Becky à une fouille corporelle. S’ensuit une longue soirée de vexations et d’actes télécommandés incohérents qui vont jusqu’à l’attouchement sexuel sans que jamais personne – ni accusée, ni responsable- ne remette en cause l’autorité du soit disant policier…

Transposant la fameuse expérience de Milgram dans un fast-food, “Compliance”  parvient très vite à créer une atmosphère oppressante. L’image léchée de Adam Stone et la musique lancinante de Heather Macintosh assurent à la mise en place un succès foudroyant. Après, dans l’espace confiné du stock du fast food où Becky attend son sort, sa nudité à peine cachée par un tablier, tient au jeu formidable des acteurs. Notamment grace à la fraîcheur volontaire de Dreama Walker qu’on avait découverte dans la peau de Hazel Williams dans Gossip Girl et à la subtilité de Ann Dowd, très touchante en responsable qui renonce à ses responsabilités. Dans le rôle du pscyhopathe, Pat Healy est plus terne, mais parfaitement maniaque. Suspendue au téléphone, l’oppression progresse bien dans cette obéissance folle. Mais malgré toutes les qualités de mise en scène et de comédie présentes dans le film, la matière du scénario semble un peu courte pour faire tenir le public en haleine une heure et demie. Certains risquent de décrocher à partir d’une cinquantaine de minutes assez palpitantes, d’autres vivront jusqu’au bout comme un cauchemar bien huilé l’humiliation absurde de la belle Becky…

Compliance, de Craig Zobel, avec Ann Dowd, Dreama Walker, Pat Healy, Philip Ettinger, James Mccafrey, USA, 2012, 1h30. Sortie le 26 septembre 2012.

Projections à Deauville : vendredi 7 septembre 15h, 16h30, 23h. samedi 8 septembre 11h.

Décès de Michael Clarke Duncan
Gagnez 2X2 places pour La JIMI au festival de Marne le 6 octobre
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

One thought on “Compliance : Craig Zobel dissèque les ressorts pervers de l’obéissance”

Commentaire(s)

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration