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Coline Abert sur “Last Dance” : “je voulais explorer ce qui se passe lorsqu’un personnage de fiction est confronté au réel”

Coline Abert sur “Last Dance” : “je voulais explorer ce qui se passe lorsqu’un personnage de fiction est confronté au réel”

03 March 2023 | PAR Julia Wahl

La réalisatrice Coline Abert a réalisé le film Last dance, sur le personnage de Lady Vinsantos, sorti le 21 février. Elle évoque pour Toute la culture le parcours de ce documentaire. 

Qu’est-ce qui vous a intéressée dans le personnage de Vince/Lady Vinsantos ?

Lorsque j’ai rencontré Vinsantos à la Nouvelle-Orléans, il avait dû raser ses sourcils, car il avait oublié son maquillage pour une représentation qu’il faisait à Cleveland. J’ai immédiatement été saisi par son allure physique qui mélangeait les genres sans complexes. Dans ce film et au travers de ce personnage, j’ai voulu explorer la question du genre. Voir comment elle construit notre identité mais aussi comment s’en émanciper.

Comment s’est passée votre rencontre avec lui ?

Après une première rencontre, fruit du hasard, un ami commun nous a présenté.es. Vinsantos m’a parlé de son école et de son parcours. Et j’ai immédiatement eu envie de filmer, ce que j’ai pu faire grâce à des amis cinéastes de la Nouvelle-Orléans qui m’ont prêté leur caméra.

Pourquoi le choix de couvrir cette période-là, à savoir les adieux de Vince au spectacle ?

Lorsque j’ai rencontré Vinsantos et commencé à filmer l’école, il savait qu’il était à un moment charnière de sa vie et il avait déjà l’envie de faire un spectacle à Paris, pour rendre hommage à ses racines européennes. Mais son désir de tuer « Lady Vinsantos » est arrivé plus tard et a grandi au fur et à mesure des tournages, alors que Vinsantos revisitait son passé et son parcours. Donc, il n’y a pas vraiment eu de choix, c’est le réel qui s’est imposé.

Votre film montre des moments très forts, où Vince se confie beaucoup : comment avez-vous travaillé ensemble pour avoir accès à ces confidences ?

Nous avons tourné sur trois ans, sur plusieurs « petits » tournages, et le tournage s’est intensifié dans les mois précédents le spectacle à Paris. Ces années de tournage nous ont permis de tisser de vrais liens de confiance avec Vinsantos et son entourage.

D’après vous, qu’est-ce qui explique le rêve de Vince de se produire à Paris ?

Sa grand-mère paternelle était d’origine italienne et Vinsantos a baigné dans cette culture depuis son enfance. Son père était notamment un grand fan d’opéras. Faire ce spectacle à Paris, en Europe, était pour Vince une façon de rendre hommage à ses origines.

Lors de l’un des workshops, Vince insiste sur la différence entre son « drag » et des avatars plus commerciaux comme Ru Paul. Cette différence vous paraît-elle essentielle ou avez-vous l’impression qu’il y a malgré tout plus de points communs ?

Ces différentes versions du Drag co-existent et se nourrissent l’une de l’autre. Je pense qu’elles sont comme les pile et face d’une même pièce.

Vous avez également travaillé sur de la fiction : qu’est-ce qui vous a attitrée dans le fait de faire du documentaire ?

Cette relation entre fiction et réalité est très présente dans le film : en filmant Vinsantos et son personnage de Lady Vinsantos, je voulais explorer ce qui se passe lorsqu’un personnage de fiction est confronté au réel et comment cela impacte la vie de celui qui l’a créé. En filmant le Drag et l’atelier de Vinsantos, je voulais aussi montrer comment fonctionne le jeu et créer un personnage de fiction peut aider à se libérer du réel, notamment les questions liées au genre.

Sur quel(s) projet(s) travaillez-vous actuellement ?

J’ai écrit sur le sequel de The Walking Dead : Daryl Dixon, pour AMC, qui se tourne en ce moment à Paris. Et en ce moment, j’écris deux projets de séries et mon prochain long-métrage, qui sera une fiction.

 

On peut encore voir Last Dance au Mk2 Beaubourg à Paris.

 

Visuel : Coline Abert

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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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