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Clôture du 23eme Festival du Film Fantastique de Gérardmer :  Un festival en débat

Clôture du 23eme Festival du Film Fantastique de Gérardmer : Un festival en débat

02 February 2016 | PAR Sylvain Lefèvre

Si elle n’a pas brillée par une programmation officielle placée sous le signe de l’éclectisme, cette 23ème édition du festival de Gérardmer aura suscité de nombreux débats. Genre ou jury, rien ne nous a été épargné.

« Ce n’est pas un jury pour Gerardmer ! ». La formule fait mouche et était sur nombre de lèvres durant ces cinq jours de festival. Emmené par Claude Lelouch secondé par quelques « people » très en vue – Mathilde Seigner , Elsa Zylberstein, Louise Monot, Guillaume Gouix – il est vrai que l’éventuelle remise en question était de mise. Un sentiment renforcé par les déclarations de certaines desdites « stars » qui n’ont pas caché leur manque d’intérêt pour le genre, et par leur attitude « très effrayée » ou désinvolte lors de certaines projections.

Un jury à l’unisson des critiques et du public

Faut-il être maître artisan pour jauger de la qualité d’une pièce tout comme il faudrait être œnophile averti pour apprécier un grand cru ou poissonnier pour juger de la fraîcheur d’un filet ? Le propos n’est pas ici de répondre à cet éternel débat qui présente autant d’intérêt que celui de la poule et de l’oeuf. Et que les plus inquiets se rassérènent, le jury comptait aussi parmi ses membres quelques grands connaisseurs du genre en la personne de François-Eudes Chanfrault, Gilles Marchand, Dominik Moll et, dans une moindre mesure peut-être, Jonathan Lambert, grand amateur et fin connaisseur qui n’en est pas à sa première venue à Gérardmer.
Enfin les récompenses décernées ce dimanche soir montrent que le jury s’est attaché à mener à bien sa mission et que ses choix ont largement recouvert ceux qui émanaient du public et des professionnels. N’en déplaise donc à certain et sauf à vouloir faire preuve de mauvaise foi, la question de la légitimité de la « bande à Lelouch » ne semble pas de mise.

La diversité, c’est fantastique

Mais ce débat n’en cache-t-il pas un autre ? Gérardmer est-il le festival du film fantastique ou le festival du film d’horreur, au sens large du terme dans une appellation maîtrisée du grand public ? Sur ce point, les quelques conversations – invectives ? – glanées à la sortie de la projection du film de clôture laissent parfois pantois. « Ce film n’a rien à faire là ! », « C’est pas du fantastique » ou « je ne suis pas venu pour voir ça ». Le fantastique, sous la houlette d’un public d’avertis présents en nombre chaque année à Gérardmer et qui constitue le fer-de-lance du festival, se devrait donc d’être réduit à quelques Wes Craven, Bernard Rose et autres Joe Dante pour ne citer que ceux les plus aisément identifiables d’un public qui serait « non-averti ».
A Gérardmer, Lucile Hadzihalilovic – primée deux fois cette année pour « Evolution » – ou Alex Garland – primé l’an dernier pour « Ex Machina » – n’auraient donc pas leur place ? Ne serait « fantastique » que ce qui rime avec hémoglobine, épouvante et angoisses en tous genres ? En maintenant ces choix de programmation qui laisse une – petite – place à d’autres genres comme l’anticipation tout aussi prestigieux au sein de la grande famille du « fantastique » et parfois même en les récompensant, le Festival maintient avec courage une politique d’ouverture qui est un des indéniables garants de intégrité et qui en fait son attrait.

visuel : affiche officielle

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Sylvain Lefèvre

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