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[Cinéma du réel 2021] “Garage – Des moteurs et des hommes” : nouveau documentaire solaire et émouvant signé Claire Simon

[Cinéma du réel 2021] “Garage – Des moteurs et des hommes” : nouveau documentaire solaire et émouvant signé Claire Simon

16 March 2021 | PAR Geoffrey Nabavian

Présenté au Cinéma du réel 2021, en Compétition pour le Grand Prix, ce nouveau film de la documentariste Claire Simon embrasse la vie d’un garage situé dans une petite ville de montagne, avec une réalisation experte à rendre passionnants micro-événements et hommes et femmes s’activant sur les moteurs.

Le Cinéma du réel, Festival international du film documentaire, voit sa 43e édition se tenir. Entre le 12 et le 21 mars, ses jurys peuvent découvrir les œuvres sélectionnées sur Internet – en lieu et place des écrans des salles de projection du Centre Georges Pompidou, à Paris – avec comme les années précédentes un très grand nombre de films retenus dans chacune des sections.

Ces projections sont également accessibles au public, via la plateforme web Canalréel. Chaque jour, un ensemble de films y est donné à découvrir aux spectateurs, avec également au programme les débats et les rencontres, à suivre. Avec, à voir, la Compétition 2021 – sections Sélection Française et Sélection Internationale – pour les différents prix du Festival, dont le Grand Prix Cinéma du réel, la projection de l’intégrale des films de Pierre Creton, mis cette année à l’honneur, le programme rétrospectif “Cinéaste en son jardin“, la section Front(s) Populaire(s), réunissant en 2021 des films de réflexion aux sujets engagés sous la thématique “A quoi servent les citoyens ?”, le volet Festival parlé, dédié à ceux qui pratiquent la réalisation de films documentaires et consacré cette année aux liens ente ces derniers et la littérature. Ainsi que des Séances spéciales, ou la mise en place, cette année encore, de Paris DOC, la plateforme professionnelle.

A noter également, du 8 au 31 mars, la sélection Première Fenêtre, réunissant des travaux de réalisateurs émergents, visible sur Mediapart : ses spectateurs ont la possibilité de voter pour leur film favori, jusqu’au 20 mars. Le Prix associé sera décerné en conséquence. La plateforme Tënk s’associe également à l’édition 2021 du Festival, en proposant notamment trois films de Pierre Creton (à partir du 19 mars) et des œuvres issues de la sélection 2021 (à partir du 26 mars).

Les voix et les corps splendidement filmés par Claire Simon

« Quoiqu’on fasse ici il faut une voiture et le garage est devenu le lieu de tous. » La voix-off de la documentariste Claire Simon résonne alors que le nouveau film qu’elle signe s’ouvre : elle parle du village à proximité duquel elle agrandi, Claviers, rempli de vie à présent surtout lorsque les vacanciers sont là. Des personnes « qui viennent pour se reposer, pas pour vivre », dans cette petite ville où, par exemple, la vieille boulangerie a disparu.  En revanche, au cœur de ce paysage montagneux du Var, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le garage de Claviers ne manque pas d’occupation. Ceux qui le font tourner diagnostiquent les problèmes des véhicules qu’on leur amène, à toute vitesse, puis tentent ensuite de les résoudre avec le moins de difficultés possible. De fait, tout fonctionne sans trop de problèmes, et les mécaniciens enchaînent les moteurs.

Au sein de ce long-métrage documentaire, les voix des hommes qui s’activent dans ce garage peuplent l’espace sonore, une heure dix durant. Les vies des mécaniciens, et de la petite ville à proximité de laquelle ils exercent, se dévoilent très simplement au détour de leurs échanges, ainsi que le contexte sociologique au sein duquel prend place ce documentaire. On soulignera à ce titre le travail de l’équipe du film sur le son – dû ici à Frédéric Buy – rendu avec une extrême précision. Cette dernière suffit à garantir une immersion parfaite dans le sujet décrit.

Claire Simon prend le temps de cadrer aussi les corps de ceux qui effectuent les réparations, allongés sous les véhicules par exemple. Ils apparaissent aussi expressifs que leurs voix, et semblent raconter également des choses sur le cadre décrit.

Micro-événements très précieux

De fait, il se passe beaucoup de choses au sein du garage au final, et les micro-situations traversées portent, à leur manière, une charge dramatique infime mais très précieuse. On voit quelques mécaniques coincées qui résistent, et les énervements de ceux qui essayent de travailler sur elles. On suit longuement le mécanicien et celui qui l’assiste confrontés à un pignon fou. « J’aurais pas dû la faire cette voiture », lâche ensuite le mécano avec lassitude au téléphone, pestant sur ce véhicule qui l’empêche de partir en week-end. La finesse extrême de la réalisation transmet toute l’humanité simple de ces mini-histoires.

Au final, le personnage central du film, mécanicien sûr de lui et devenant très charismatique lorsqu’il exerce son métier, apparaît comme une figure de cinéma en soi : il se révèle si expressif, filmé par la caméra de Claire Simon, qu’on s’attache beaucoup à lui et à l’existence qu’il traverse, dont on obtient un aperçu à travers ce documentaire. Des journées qu’il passe au son de la musique du Parrain, qu’il emploie comme sonnerie de téléphone, au sein de ce garage où il essaye de travailler au mieux, et où les visiteurs qu’il a passent non pas pour parler ou demander des nouvelles, mais davantage pour expliquer leurs soucis techniques et faire en sorte que leurs moyens de transport remarchent. Afin de pouvoir continuer à vivre leurs existences, à leur rythme, mais toujours en mouvement. A l’image du film, et des paroles et des faits qui le traversent.

Le Cinéma du réel, Festival international du film documentaire, continue jusqu’au 21 mars.

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Visuels : © Petit à petit Production

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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