Carolyn Carlson sur grand écran
Hier soir, la Cinémathèque de la danse projetait dans ses salles plusieurs courts-métrages consacrés à Carolyn Carlson, en présence de la chorégraphe. Il s’agissait avant tout, selon les mots de Patrick Bensard, directeur des lieux ; de faire revivre le passé et la mémoire de la danse à travers l’histoire d’une révolution : celle d’une femme qui releva un défi en se faisant accepter sur la scène française.
Dans les années 1970, la France s’ouvre peu à peu à la danse contemporaine. La silhouette longiligne de Carolyn Carlson se dessine derrière la caméra d’Alain Mayor qui tracte les premiers pas d’une future star. Un style et une présence s’affirment petit à petit: au-delà du simple réalisateur, Alain Mayor se fait architecte de la caméra, construisant avec elle une poétique du mouvement que la danse lui procure. En saisissant l’âme qui émane de cet art naissant, il prend la tension d’une époque, d’un genre nouveau.
Des festivals d’Arles à son entrée à Garnier, ce sont les débuts de la chorégraphe qui sont ici retranscrits. Entre deux répétitions, des bribes d’entretiens nous parviennent, dans lesquels la danseuse tente de mettre des mots sur son art. La danse appartient à la scène, au théâtre, elle fait partie d’un tout, d’une globalité. Le terme théâtre contient l’essence même de la vie, « l’être » ; c’est pourquoi la danse est vécue dans son unicité.
Carolyn Carlson semble peu à même de pouvoir expliquer avec des mots ce qu’elle ressent sur scène. « Un état proche du divin » affirme t-elle. C’est probablement au climax de ses solos que la danseuse se sent vivre le plus : « art is my life, and life is art. » clame t-elle, ne cessant de rappeler que ses créations ne peuvent se faire que dans l’échange et l’amour. La danse est un dialogue permanent, là où la richesse intérieure de chacun trouve un lieu d’expression.
Les courts-métrages d’Ed Emshwiller sont davantage expérimentaux, illustrant les débuts de la vidéo performance. Entre psychédélisme érotique et esthétisme visuel, le mouvement de la caméra tente de capter la sensualité et la dextérité de la gestuelle de Carolyn Carlson.
Voir le passé et célébrer la mémoire de la danse, tels étaient les mots de la fin, prononcés par une chorégraphe enthousiaste, qui, lorsqu’elle regarde en arrière, peut aujourd’hui affirmer appartenir aux grands de ce monde.
Pour plus d’informations sur la Cinémathèque de la danse et sa programmation: ici
Pour plus d’informations sur l’atelier de Carolyn Carlson à Paris: ici
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One thought on “Carolyn Carlson sur grand écran”
Commentaire(s)
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alain mayor
Merci Aliénor, pour ce beau commentaire sur mon film, sorti de sa boite métallique 30 ans plus tard ! Bien à vous, Alain Mayor