Cinema
Cannes 2023, Un certain regard : Si seulement je pouvais hiberner, film social fin de Mongolie

Cannes 2023, Un certain regard : Si seulement je pouvais hiberner, film social fin de Mongolie

21 May 2023 | PAR Geoffrey Nabavian

Un long-métrage originaire de Mongolie, pourvu d’un scénario classique, mais qui se démarque tout de même par ses partis pris.

Dans la Mongolie d’aujourd’hui, Ulzii est un adolescent brillant et travailleur. Outre son propre parcours, il a beaucoup à porter : il vit avec sa mère, son frère et sa sœur dans une yourte difficile à chauffer, dans la banlieue d’Oulan-Bator. De plus, sa génitrice sort d’un long alcoolisme, dans lequel elle menace de retomber.

Sur le plan du scénario, ce film signé par Zoljargal Purevdash est proche d’autres longs-métrages sociaux internationaux. C’est le ton qu’il emploie, pour peindre une situation difficile, qui lui permet d’être attachant et d’accrocher. Il reste en effet très positif et s’attache surtout à l’énergie mise par son jeune héros pour survivre. Dans ce rôle, Battsooj Uurtsaikh s’avère excellent. Le film tire une partie de son rythme de sa force intérieure, de son travail d’acteur et aussi du personnage qu’il compose. Un sentiment de proximité, qui évite vraiment tout misérabilisme, s’installe au sein des images.

En prime, le film se démarque grâce à un ingrédient en plus : sa mise en scène, qui s’attarde sur les couleurs. Elle vise un peu à l’esthétique, mais n’y sacrifie jamais son réalisme. Plus précisément, on sent qu’elle cherche à cadrer les lieux à hauteur juste, en donnant à voir ce qu’ils peuvent avoir de beau et de vivant tout de même. Un parti pris parfait : il inscrit les images dans l’esprit et, partant, la situation peinte, difficile, mais pas totalement désespérée. Il aide celle-ci à se graver dans l’œil du spectateur : loin des effets appuyés, il est un choix qui aide tout simplement le vivant à se manifester. Idéal pour que le récit peint devienne proche, pendant la projection, mais dure également après. Le directeur de la photographie Davaanyam Delgerjargal est à saluer.

Le Festival de Cannes se poursuit jusqu’au 27 mai.

Retrouvez tous les films du Festival dans notre dossier Cannes 2023

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Visuel : © Eurozoom

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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