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[Cannes 2021, Un certain regard] A résidence, un film engagé nécessaire où les personnages passionnent peu
Réalisée par Alexeï Guerman Jr., cette comédie acide sur un contestataire russe assigné à résidence paraît renvoyer dos à dos tous ses personnages dans la médiocrité. Juste, mais pas simple pour faciliter l’attachement à eux.
Assigné à résidence chez lui dans une maison de la campagne russe grise, en attendant son procès, David s’active et lutte, peut-être contre des moulins à vent. Il a accusé avec virulence le maire de sa ville d’avoir volé de l’argent public. Et s’est retrouvé ensuite lui-même accusé d’avoir utilisé une somme donnée par l’État pour l’organisation d’un congrès pour lui-même. Sa femme aussi est accusée : mais de toute façon, elle l’a laissé tomber. Et son nouveau compagnon n’est autre qu’un entrepreneur qui a soufflé à David l’idée d’accuser publiquement le maire de vol… alors que la moitié des contrats remportés par son entreprise viennent de ladite mairie.
Projeté au Festival de Cannes 2021 au sein d’Un certain regard, À résidence est un film qui empoigne un sujet engagé : celui des personnalités engagées ayant un comportement contestataire et dénonciateur, accusées de vol d’argent public et se trouvant immobilisées chez elles par décision juridique. Une situation qui a notamment frappé le réalisateur de cinéma et metteur en scène de théâtre russe Kirill Serebrennikov, dont le nouveau long-métrage, La Fièvre de Petrov, est également montré à Cannes en 2021, en compétition pour la Palme d’or.
Cependant, l’action se déroule en Russie, et il ne peut donc y avoir, dans cette histoire, deux camps unilatéralement définis, cela serait bien trop simple. Obstiné, borné, et pas forcément sympathique, David semble assez individualiste en fin de compte. Face à lui, l’avocate qui doit se charger de le défendre à son procès apparaît davantage réaliste, pragmatique, mais aussi sidérée et démunie devant cette comédie hystérique et désespérée dans laquelle elle plonge. Car son client se met à vouloir lui aussi, en retour, faire un procès au maire…
L’intérêt de ce long-métrage demeure donc son traitement “à la russe” d’un sujet engagé, évitant discours trop faciles ou pathos. Hélas, si le ton acide est bien là, dans cette comédie dramatique, le rythme fait un peu défaut. À l’image de David, l’action piétine et traîne un peu, et le film peut donner l’impression de livrer assez vite tout son contenu. Dès lors, il ne reste plus qu’à macérer dans la logique absurde du personnage principal, avec lui. Étant donné qu’il n’apparaît pas forcément sympathique, on peut finir par se lasser de le suivre dans ses efforts vains…
À résidence est présenté au Festival de Cannes 2021, au sein d’Un certain regard.
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