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Cannes 2018, en Compétition : “Yomeddine”, un film solaire aux héros cabossés

Cannes 2018, en Compétition : “Yomeddine”, un film solaire aux héros cabossés

10 May 2018 | PAR Geoffrey Nabavian

Premier long-métrage signé par Abu Bakr Shawky, Yomeddine peint l’Égypte contemporaine intelligemment, à travers le regard d’un personnage abîmé par la vie, très attachant.

[rating=4]

Dans Yomeddine, des exclus de l’Égypte contemporaine décident de prendre en main leur destin. Ce road movie avec âne conduit comme une quête initiatique trouve tout son intérêt dans le portrait qu’il fait de l’Égypte d’aujourd’hui, vue à travers le regard d’un héros peu ordinaire : Beshay, un lépreux ayant toujours vécu dans un établissement pour malades, qui décide de partir à la recherche de ses origines, suivi par son meilleur ami, Obama (Ahmed Abdelhafiz), gamin orphelin.

La richesse du film réside d’abord dans son interprète : Rady Gamal dote le personnage de Beshay d’une humanité incroyable. Son jeu très physique, sa voix particulière et surtout sa présence exceptionnelle lui permettent de créer un personnage extraordinaire, très juste et très original. La mise en scène, solaire, cadre son humanité pour qu’il ne se résume pas à sa différence physique. Pas du tout misérabiliste, Yomeddine montre Beshay comme un homme malicieux et énergique.

L’atmosphère du film se met au diapason de ce portrait fin : l’histoire met en scène, au premier plan, des exclus de la société égyptienne contemporaine, mais sur le mode du conte initiatique. Cette forme allège le contenu, les rencontres de Beshay et Obama avec les habitants de leurs pays n’en sont que plus légères, pas lourdement démonstratives.

Yomeddine reste, au final, extrêmement plaisant à suivre. Il dépayse, et fait rencontrer des personnages peu attendus. Mais s’il demeure nimbé de soleil, et de sentiments positifs, il se permet aussi, niveau mise en scène, des pauses plus sobres, où le calme s’invite dans les images…Autant de contrastes qui font de lui une oeuvre très bien pensée, très vivante.

Yomeddine, long-métrage présenté au festival de Cannes en compétition, réalisé par Abu Bakr Shawdy, avec Rady Gamal (Beshay) et Ahmed Abdelhafiz (Obama). Durée : 97 minutes.

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Visuels : © Le Pacte

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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