Cinema
Butterfly Vision, un premier film remarqué au estival International du Film de Saint Jean de Lutz

Butterfly Vision, un premier film remarqué au estival International du Film de Saint Jean de Lutz

09 October 2022 | PAR Farah Malaoui

Butterfly Vision, premier film. de l’ulrainien Maksym Nakonechnyi,  primé en section Un Certain regard à Cannes et en salles le 12 octobre, est en compétition du Festival International de Saint-Jean de Luz. Un film dramatique d’une force surprenante qui retient l’attention avec des codes empruntés parfois à la réalfiction et au documentaire.

Consacré au conflit dans le Dombas, ce film co-ukrénien réussit à nous montrer la complexité de la lutte intérieure qui conduit aussi à la désagrégation du tissu social. Maksym Nakonechnyi réussit un long métrage puissant. En évitant le regard partisan, il dégoupille une grenade, celle de la lente reconstruction.

Après plusieurs mois d’emprisonnement, Lilia -militaire spécialisée en reconnaissance aérienne- fait l’objet d’un échange de prisonniers et retourne auprès de sa famille en Ukraine. Le traumatisme de la captivité la tourmente et refait surface sous forme de visions. Quelque chose de profondément ancré en elle l’empêche d’oublier, mais elle refuse de se voir comme une victime.

Charismatique, l’actrice principale Rita Burkovska, toute en retenue, développe son jeu énigmatique. Dans le rôle de Lila toujours captive de ses traumatismes, elle résiste sans agressivité aux injonctions de son propre entourage, et transmet son combat coûte que coûte, portée par un étrange instinct de vie.

Panoramas sur les déflagrations de la guerre

Le scénario semble construit en double vision, comme l’ajustement permanent du drone. On oscille entre panorama sur les déflagrations de la guerre à hauteur de société, et ses effets microscopiques à mesure d’Homme. Lorsque l’esprit du nationalisme se dissout dans l’instinct de guerre, on confond civil et ennemi. Le film montre aussi le malaise quotidien qui fractionne l’unité d’un peuple. Quelques effets bien trouvés comme la pixélisation de l’image communique de manière subliminale sur la dégradation de l’être. Avec pudeur et sans complaisance, on constate loin du front, les séquelles de la guerre et ses échos incontrôlables.

Dans une forme didactique, le réalisateur guide notre regard. Il dynamise son récit avec les codes du documentaire et de la réalfiction, qui parvient à retenir notre attention. Avec Butterfly Vision, le réalisateur ukrainien nous livre un travail remarquablement honnête dans sa critique, soigné et très contemporain dans sa réalisation.

Butterfly vision, de avec Rita Burkovska, Lyubomyr Valivots, Myroslava Vytrykhoska-Makar, Ukraine, 1h47. Sortie le 12 octobre 2022.

visuel (c) photo du film / Nous films

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