Bordeaux se lance dans le cinéma, avec son 1er Festival international du film indépendant
Voilà deux jours que Bordeaux a inauguré son premier festival international du film indépendant (le Fifib), mettant en compétition officielle huit créations qui ont déjà fait parler d’elles. Olivier Assayas s’improvise parrain du festival et fait l’objet d’une rétrospective.
Celle que l’on appelait autrefois “la belle endormie” revient à elle en fanfare : après avoir connu un développement bouillonnant dans le milieu associatif culturel, après avoir optimisé les aménagements du tramway et de la façade des quais, après avoir lancé le projet d’un nouveau musée d’art contemporain et après avoir largement enrichi son univers musical et nocturne, Bordeaux s’attaque à un domaine qui lui faisait largement défaut sur le plan culturel, à savoir le cinéma. Un pari osé à l’échelle nationale, où la concurrence est sévère, une initiative pleine de promesses et de fraîcheur au niveau local, où la jeunesse se montre plus dynamique que jamais.
“Il y a toujours eu une scène rock hyper active ici mais pour le cinéma, rien, regrette la directrice du Fifib, Johanna Caraire. Dans une ville qui a autant de potentiel et de visibilité au niveau international, l’absence de festival de cinéma devenait problématique. Par tradition, Bordeaux a toujours été un peu frileuse, mais depuis quelques années les choses commencent à bouger, culturellement, les jeunes s’organisent et des évènements se créent”.
Les manifestations prévues sont nombreuses et variées : projections des 24 films accueillis par le festival, concerts, rencontres, focus, conférences, soirées, afters, et même collecte de sang … un programme complet qui emmène les amateurs dans les lieux en vogue du paysage culturel bordelais, comme les salles de cinéma art et essai Utopia, le TnBA (Théâtre national Bordeaux Aquitaine) ou encore le très fréquenté I.Boat, qui propose de boire, de manger, de danser, de voir un concert ou un film, le tout en flottaison. Welcome on board.
Les huit films présentés en compétition officielle :
– Antiviral, de Brandon Cronenberg, Canada, 2012 : Génétique et spiritualité sont-elles compatibles ? Peut-on communier avec l’ADN de son idole ? Oui, dit Cronenberg fils.
– Rengaine, de Rachid Djaïdani, France, 2010 : réalisé caméra au poing et avec les moyens du bord, Rengaine est un conte urbain, un film viscéral qui reflète notre réalité sans compromis.
– Avalon, d’Axel Petersén, Suède, 2011 : un noceur vieillissant veut ouvrir sa boîte de nuit, qu’importent les conséquences pour autrui et son sens de la morale – à moins qu’il n’en ait aucun.
– Gimme the loot, d’Adam Leon, Etats-Unis, 2012 : deux adolescents graffeurs décident de prendre leur revanche sur une bande rivale. C’est le début d’une errance dans le Bronx et l’occasion pour eux de réaliser l’oeuvre de leur vie.
– El estudiante, de Santiago Mitre, Argentine, 2011 : Roque débarque à Buenos Aires pour reprendre ses études. En même temps qu’il tombe amoureux d’une jeune enseignante, l’étudiant est initié à la cruauté du jeu politique.
– L, de Babis Makridis, Grèce, 2012 : un homme ne vit que pour et par sa voiture, ainsi que pour son métier de chauffeur. Un jour, un meilleur chauffeur débarque en ville.
– Not Waving but drowning, de Devyn Waitt, Etats-Unis, 2012 : deux jeunes amies découvrent la vie adulte, ses espoirs et illusions, l’une dans la vie trépidante new-yorkaise, l’autre dans une maison de retraite.
– Les coquillettes, de Sophie Letourneur, France, 2011 : Sophie Letourneur et ses amies se remémorent le Festival de Locarno, son atmosphère surréaliste ainsi que leurs mésaventures amoureuses.
Cinq de ces films ont déjà été présentés soit au festival de Cannes, soit à celui de Locarno, ce qui ne permet pas encore au festival bordelais de véritablement s’illustrer comme promoteur de la nouvelle création indépendante mondiale. Avalon et L seront à prendre en compte comme les seuls inédits, témoins d’un éventuel “esprit Fifib” à mettre en avant.
Le jury réunit les professionnels du cinéma suivants : Nathalie Baye à la présidence, le scénariste et critique américain Jordan Mintzer, le producteur Fabrizio Mosca, l’actrice espagnole Pilar Lopez de Ayala et le délégué général de la Semaine de la Critique du festival de Cannes, Charles Tesson.
Sont également de la partie Adèle Haenel, égérie du festival, Jonathan Caouette qui fait l’objet d’un focus, tout comme Olivier Assayas, parrain du festival, qui s’est chargé de l’ouverture mardi soir en projetant en avant-première sa dernière réalisation, Après Mai, déjà Prix du scénario à la Mostra de Venise.
L’avenir dira si ce nouveau festival saura s’imposer sur la scène nationale en mettant en avant une identité particulière.
En attendant, pour connaître tous les détails, les horaires et les immanquables de ces cinq jours cinéphiles dans la capitale aquitaine, nous vous encourageons à parcourir le programme officiel du festival :
http://www.bordeaux-festival.com/docs/Programme/PROGRAMME_WEB.pdf
Visuel : Affiche officielle du festival