Cinema
[BERLINALE] Dans “Trois jours à Quiberon”, une Romy Schneider intime et bouleversante

[BERLINALE] Dans “Trois jours à Quiberon”, une Romy Schneider intime et bouleversante

21 February 2018 | PAR William Meignan

Avec son film Trois jours à Quiberon, Emily Atef nous offre une magnifique plongée, entre fiction et documentaire, dans un moment de vie d’une Romy Schneider torturée. Porté par une sublime Marie Bäumer, ce film nous fait plonger dans un univers intime et touchant à la lumière d’un soleil breton au beau fixe. Il est difficile d’imaginer que ce film reparte les mains vides de Berlin.

En 1981, Romy Schneider, icône absolue du cinéma et vedette éminemment médiatique, traverse une période sombre. Touchée par de nombreux drames familiaux et dans un état psychologique instable, elle effectue une retraite de quelques jours à Quiberon. C’est au cours de ce séjour qu’elle se livre au journaliste Michael Jürgs (Robert Gwisdek) et au photographe Robert Lebeck (Charly Hübner), sous l’œil protecteur et attentif de son amie Hilde (Birgit Minichmayr). De ces trois jours resteront une bouleversante et maintenant légendaire interview-fleuve publiée dans le magazine Stern ainsi que les photos mondialement connues de Robert Lebeck.

Ce sont d’ailleurs ces photos qui sont à l’origine du film. Projet partagé du producteur Denis Poncet et de la réalisatrice franco-iranienne Emily Atef, ce film n’a ni la prétention d’un documentaire ni celle d’un film biographique qui retracerait toutes les phases de la vie de l’actrice et ce, pour notre plus grand bonheur. En ancrant le récit dans une temporalité courte et un lieu neutre et étranger à l’actrice, ce film en noir et blanc permet un portrait brut et profondément touchant de Romy Schneider.

Parfaitement interprétée par Marie Bäumer, dont la surprenante ressemblance ne manquera pas d’être relevée par le spectateur, la Romy Scheider qui est présentée dans ce film est bien loin de la jeune fille de seize ans qui jouait la princesse Sissi. C’est « une femme triste de 42 ans », alcoolique et dépressive que nous découvrons. Une femme qui souhaiterait mener une vie simple, entourée de ses enfants, une actrice parfois naïve et enfantine, qui cherche sa voie, mais qui est toujours rattrapée par un monde médiatique impitoyable.

Entre pulsion autodestructrices et recherche de protection, le portrait de Romy Schneider est également celui d’un réalisme saisissant de la dépression. Loin des clichés, les hauts et les bas de Romy Schneider capturent avec intensité toutes les contradictions d’une maladie dévastatrice et font vivre au spectateur la recherche d’un calme insaisissable pour l’actrice. Si la dernière scène nous présente Romy Schneider à Paris, heureuse et rayonnante, avec sa fille dans ses bras, ses démons n’ont pas pour autant disparu. Elle perdra la vie un peu plus d’un an après.

Trois jours à Quiberon de Emily Atef avec Marie Bäumer (Romy Schneider), Birgit Minichmayr (Hilde Fritsch), Charly Hübner (Robert Lebeck), Robert Gwisdek (Michael Jürgs), Denis Lavant (Fisherman Poet), Yann Grouhel (Receptionist), Christopher Buchholz (Dr. Frelin), Vicky Krieps (Maid), Vincent Furic (Dr. Moriette), Loïc Baylacq (Innkeeper)

© Rohfilm Factory / Prokino / Peter Hartwig

© 2018 PROKINO Filmverleih GmbH

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One thought on “[BERLINALE] Dans “Trois jours à Quiberon”, une Romy Schneider intime et bouleversante”

Commentaire(s)

  • Gaspard

    Magnifique ! Grandiose ! Bouleversant !

    January 3, 2020 at 18 h 34 min

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