Cinema
[Berlinale] Pronostics: L’homme qui a vu Darren qui a vu l’Ours

[Berlinale] Pronostics: L’homme qui a vu Darren qui a vu l’Ours

14 February 2015 | PAR Olivia Leboyer

Ours

De retour à Paris, après une folle semaine berlinoise, nous nous essayons au jeu des pronostics. Sur les 19 films en compétition, nous en avons vu 16. Seuls le film albanais Vergine giurata, le film vietnamien Big Father, Small Father and other stories et le japonais Ten no Chasuke nous ont échappé. Quel Ours Darren et son jury vont-ils sacrer ?

Avons-nous vu l’Ours ? Oui, sans doute, mais où et quand, brun ou blanc ? Plusieurs films nous ont marquées, pour des raisons différentes. L’Ours d’or pour le chilien Pablo Larrain avec son coloré et punk El Club, sur une bande de prêtres ex-taulards entraînant un lévrier à la course ? Ou bien pour le guatémaltèque Jayro Bustamante qui livre avec Ixcanul un film sensuel, puissant et brutal sur la domination féodale du maître sur ses paysans ?

Désaccord entre nous deux sur Knight of cups de Terrence Malick, que Yaël n’a pas aimé et que j’ai aimé, avec ses défauts si personnels (la présence subliminale de Natalie Portman agira-t-elle sur le subconscient de Darren Aronofsky, qui l’a dirigée magnifiquement dans Black Swan ?). Un Ours d’argent pour Malick ?

Pour la réalisation, le réalisateur allemand Sébastien Schipper devrait l’emporter avec Victoria, équipée sauvage dans Berlin by night. Tourné en un seul plan séquence, le film est impressionnant de maîtrise et vraiment émouvant. Enlevé, romanesque, social, Victoria a dû séduire le Président Darren Aronofsky. Sinon, le russe Alexey German Jr. a réalisé un Under Electric Clouds poétique et inspiré, aux images saisissantes, qui mériterait aussi le Prix de la réalisation.

Nous donnerions bien le Prix du scénrio au jeune roumain Radu Jude pour son très beau Aferim ! Limpide comme une fable picaresque, le film a nécessité un long travail de documentation en amont.

Jafar Panahi devrait obtenir un prix pour Taxi, plein d’énergie et d’humour. Peut-être le Prix du Jury ?

N’oublions pas que le jury de cette année (notamment Audrey Tautou), préoccupé par l’écologie, pourrait bien décerner un Prix (et même l’Ours, qui sait ?) à l’excellent documentaire chilien El Boton de Nacar de Patricio Guzman. Nous avons beaucoup aimé ce film, à la construction astucieuse et fluide, mais il nous semblerait quand même étrange de donner l’Ours à un documentaire. Un Prix du Jury, en revanche, serait une bonne idée.

Et les Prix d’interprétation ?
Pour les femmes, nous avons été très émues par l’interprétation de Charlotte Rampling, bouleversante dans 45 ans de Andrew Haigh. Nous lui donnerions de tout cœur un Ours de la meilleure actrice. Sinon, la jeune espagnole Laia Costa rayonne de naturel dans le film allemand Victoria.

Mais, dans ce même Victoria, nous avons très envie de récompenser le jeune allemand Frederick Lau avec son regard brisé et son charme fou. Il mérite un énorme Ours d’interprétation ! Sinon, nous serions ravies de voir l’Ours du meilleur acteur revenir à Elmer Bäck, ébouriffé, nu comme un ver et sensuel en diable dans le très réussi Eisenstein in Guanajuato de Peter Greenaway.

Rendez-vous ce soir à 21h pour le verdict !

Olivia et Yaël

“Il est difficile d’être un dieu” d’Arkadi et Boris Strougatski.
“Vers le Sud et autres poèmes” de Juan Gelman, un chant polyphonique puissant et obstiné.
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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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