Cinema
Berlinale, jour 5 : fresques allemandes, drames polonais et un Martin Luther King Britannique

Berlinale, jour 5 : fresques allemandes, drames polonais et un Martin Luther King Britannique

09 February 2015 | PAR Yaël Hirsch

La journée a commencé sous la pluie pour une journée de projections aussi diverses qu’intriguantes à la Berlinale. Si les stars internationales n’étaient pas au rendez-vous du jour, la qualité et les diversités des films que nous avons pu voir nous a largement consolés. Côté compétition, Malgorzata Szumowska propose un Body qui rivalise avec le 45 years de Andrew Haigh tant en images qu’en finesse psychologique. Un nouveau chouchou pour l’Ours.

 

 

 

En première projection de la matinée, le chilien Pablo Larrain (à qui l’on devait No) nous a préparé avec The Club une plongée dans l’univers de prêtres chiliens défroqués. Il aborde avec une originalité folle les grands thèmes tabous de l’homosexualité et de la pédophilie des prêtres, mais pas que. L’humour et la musique d’Arvo Pärt ont finit de nous emballer. Un film esthétique en lice pour l’Ours. (Voir notre article)

Côté forum, au Cinestar, nous avons pu nous glisser du côté des Pays-Bas avec Zurich, un très beau film en deux parties sur le deuil signé Sacha Polak et porté par l’impressionnante chanteuse Wende Snijders aux côtés d’un Sascha Alexander Gersak très convaincant en camionneur. Avec une image qui oscille entre rêve et cauchemar pour signifier le combat de la vie et la mort, habillé de musique folk, mais sans abus, Zurich est un film vraiment émouvant qui nous a fait pleurer de bon matin.

Le deuxième film en compétition présenté aujourd’hui était local. Et parlait local. Fresque sur le devenir d’un groupe de copains grandi en RDA et devenus des rebelles techno après la chute du mur Als wir traumten est une adaptation assez fade et très longue par Andreas Dresden du Best-seller de Clemens Meyer. Le film réussit mieux à enfiler les clichés qu’à nous permettre d’entrer dans l’histoire. Les Allemands ont en tout cas été très émus et les fans se pressaient pour apercevoir les jeunes acteurs du film devant l’hôtel Hyatt où ont lieu les conférences de presse.

La séance de l’après-midi accueillait un joli film d’une habituée de la Berlinale, la réalisatrice polonaise Malgorzata Szumowska dont on avait vu le mystique In the name of en 2014 (voir notre critique). Avec un pitch plutôt sombre (un père et une fille brisés par la mort de la mère, et luttant contre l’anorexie de la petite), Body,

Et la journée s’est terminée par une projection “spéciale” de la Berlinale avec un film “grand public” qui sort le 11 mars. Situé dans la ville du même nom en Alabama, Selma met en scène la lutte de Martin Luther King pour obtenir plus que la fin de la ségrégation : le droit de vote pour les noirs américains. Le film a beau avoir été tourné par une “fille du pays” (Ava DuVernay qui a remporté Sundance en 2012 avec Middle of Nowhere) et avoir un beau casting dont l’anglais Tom Wilkinson, l’inévitable Oprah Winfrey et la magnifique Carmen Ejogo, les bons sentiments noient le cinéma dans une bouillie épaisse. Dans le rôle du leader, le britannique David Oyelowo semble trop préoccupé par son accent américain pour jouer la nuance. Une déception au vu de l’importance du sujet et de l’originalité du casting.

Visuels : Yaël Hirsch

[Berlinale, Compétition] “Body” de Malgorzata Szumowska, un bijou intimiste
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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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