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Berlinale 2021, les Prix de la Compétition : Ours d’or pour Radu Jude, Grand Prix pour le grand Hamaguchi

Berlinale 2021, les Prix de la Compétition : Ours d’or pour Radu Jude, Grand Prix pour le grand Hamaguchi

06 March 2021 | PAR Geoffrey Nabavian

Entre jeux sentimentaux cruels et thèmes engagés, les films récompensés à l’issue de la Berlinale 2021 sont porteurs de sujets marquants. Avec, cette année, des Prix d’interprétation non-genrés.   

En cette Berlinale 2021 se déroulant sur Internet, quinze films étaient en Compétition pour l’Ours d’or. Avec, parmi eux, le très beau, maîtrisé et cruel Wheel of fortune and fantasy, nouvelle réalisation du japonais Ryusuke Hamaguchi (Senses, Asako Chapitres 1 et 2, Passion) : on est heureux qu’il reparte, non pas avec la récompense suprême, mais avec l’Ours d’argent, équivalent d’un Grand Prix du jury. Une récompense qui salue un film excellent sur tous les plans – de la technique à l’écriture, en passant par les actrices et acteurs, tous extraordinaires – et donnant à suivre successivement trois histoires, toutes consacrées aux sentiments et à l’attirance, ainsi qu’à la cruauté qui leur est inhérente, donnée à sentir ici avec une grande force. Notre critique est à lire ici.

L’Ours d’or est allé, lui, à Bad luck banging or loony porn, nouveau film du roumain Radu Jude (Aferim !, Peu m’importe si l’Histoire nous considère comme des barbares, Papa vient dimanche), qui questionne son pays et sa société actuelle de manière provocatrice, à travers l’histoire d’une sextape postée sur Internet en un temps où une épidémie oblige les gens à rester à distance et à se masquer. Une vidéo où les participants ne portent rien sur leurs visages…

Prix d’interprétation non-genrés, en 2021

L’Ours d’argent du Meilleur réalisateur a couronné le hongrois Dénes Nagy pour son film Natural light, situé pendant la Seconde Guerre mondiale en Union soviétique envahie, contexte dans lequel un paysan enrôlé dans l’armée hongroise se retrouve tout à coup à devoir diriger une unité. Quant aux récompenses distinguant les meilleures actrices et les meilleurs acteurs, ils ont acquis cette année de nouveaux intitulés : l’Ours d’argent de la Meilleure interprétation, tout court, sans distinction de genre, est allé à l’allemande Maren Eggert, pour le film I’m your man, où elle incarne une chercheuse acceptant de partager pendant quelques temps sa vie avec un robot expérimental – joué par Dan Stevens – sensé être le meilleur partenaire de vie possible pour elle. Quant à l’Ours d’argent de la Meilleure interprétation dans un rôle secondaire, nouveauté de cette année 2021, il a distingué l’actrice hongroise Lilla Kizlinger pour le film Forest – I see you everywhere, nouvelle méditation expérimentale sur fond d’absence et de fantômes du réalisateur Bence Fliegauf (Just the wind).

On se réjouit par ailleurs que l’Ours d’argent du Meilleur scénario ait récompensé l’infatigable réalisateur Hong Sang-soo, pour son film Introduction, nouvelle variation douce-amère sur le thème des déceptions sentimentales, avec pour la servir l’art de filmeur minimaliste du maître sud-coréen. Un film qui sera distribué en salles par Capricci.

Un autre Ours d’argent, équivalent à un Prix du jury, a été remis, distinguant Mr Bachmann and his class de l’allemande Maria Speth, documentaire qui suit, sur trois heures trente-sept, l’action du professeur Dieter Bachmann dans une école de Stadtallendorf, au sein d’une classe accueillant une grande majorité d’élèves d’origine étrangère : un travail d’enseignement qui doit aussi amener ces jeunes à “se sentir chez eux”, dans une ville aux rapports historiquement ambivalents vis-à-vis des arrivants.

Meilleure Contribution Artistique à un monteur

Enfin, l’Ours d’argent de la Meilleure Contribution Artistique a couronné le monteur Yibran Asuad pour son travail sur le film Una pelicula de policias, réalisé par Alonso Ruizpalacios, dans lequel deux acteurs professionnels expérimentent le fait d’être policier au Mexique à l’époque actuelle, entre lutte contre la criminalité, corruption, et controverses multiples.

Ces films primés, porteurs de regards forts sur des sujets parfois brûlants, sont attendus sur les écrans berlinois pour des projections événements avec public, du 9 au 20 juin 2021.

Visuel  1 : Bad luck banging or loony porn © Silviu Ghetie / microFilm

Visuel 2 : Wheel of fortune and fantasy © 2021 Neopa/Fictive

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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