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[Belfort 2017, dernier jour] Errances, déshérances et Palmarès de la 32e éditions d’Entrevues

[Belfort 2017, dernier jour] Errances, déshérances et Palmarès de la 32e éditions d’Entrevues

02 December 2017 | PAR Yaël Hirsch

Ce samedi 2 décembre, dernier jour de la compétition d’Entrevues 2017, a été celui du dévoilement du Palmarès et clôturait avec un ciné-concert réunissant l’Orchestre Victor Hugo de Franche-Comté et Charlie Chaplin sous l’égide du Kid. C’est Nul homme n’est une île de Dominique Marchais qui a remporté le Grand prix Janine Bazin. 

En compétition, le matin, le Documentaire de 2h30 dédié à la prison ouverte Corse Casabianda où 130 détenus condamnés pour crimes sexuels purgent leur peine, La Liberté de Guillaume Mansart est le seul long de la compétition qui n’est pas précédé d’un court. Entre ombre et lumière, dans un cadre à mille lieues de la cellule à barreaux, à la fois idyllique et intenable, les détenus sont interviewés la plupart dans fards, face caméra, et parfois à contre-jour et se confient à la camera au poing du réalisateur français, qui crée de la connivence dans le tutoiement et qui pousse ses sujets à exprimer leurs sentiments et même leur mise en cause de la loi et des institutions. Un film dérangeant où l’on enjoint le spectateur à entrer dans la psychologie de grands criminels pur comprendre comment ils en sont arrivée à abuser de proches et membres de famille. A grand renforts de relativisme, de dénonciations des psychologues, d’interchangeabilité des criminels et de leurs victimes, ce documentaire glisse sur une pente empathique  pour remettre un peu trop facilement en perspective les notions du juste et de l’injuste.

Toujours en compétition, dans l’après-midi, nous sommes passés de plongeuses âgées exerçant un art ancien sur une île de Corée avec le court Warer Folds de Brian Senno à une famille Bulgare qui essaie de fonctionner en l’absence de la mère, dans Three Quarters de Ilian Metev. Sous l’égide placide du père aimant, une très jolie relation et un double portrait profond d’un frère et d’une sœur capturé par une image naturaliste et pudique.

Côté avant-première, Belfort nous a régalé avec Makala, de Emmanuel Gras, un film nomade et lancinant, humain et bouleversant qui met en scène un homme en pélerinage pour vendre du charbon et bâtir sa maison. Primé à la Semaine de la Critique en mai dernier, ce film sort sur nos écrans aux Films du Losange, le 6 décembre 2017.

Le Palmarès a été décerné dans la soirée. C’est Nul homme n’est une île de Dominique Marchais (France / 2017 / 1h36 / documentaire, sortie le 4 avril 2018) qui a remporté le Grand prix Janine Bazin, décerné par les jurés : Stéphane Batut, Léa Bismuth, Emmanuelle Cuau, Radu Jude et Jean-Marc Zeckri. I am truly a drop of sun on earth d’Elene Neveriani (Suisse / 2017 / 1h01 / fiction, lire notre live-report) a eu une mention spéciale. Le prix d’aide à la distribution ciné+ a été décerné à Playing men de Matjaz Ivanisin (Slovénie-Croatie / 2017 / 1h / documentaire)
Et le grand prix du court-métrage à She’s beyond me, de Toru Takano (Japon / 2017 / 42 min), avec une mention spéciale à Ionas Dream of rain de Dragos Hanciu (Roumanie / 2017 / 28 min). Le prix Gérard Frot-Coutaz est allé aux Garçons sauvages de Bertrand Mandico (France / 2017 / 1h51) sortie le 28 février 2018, UFO distribution).
Décerné par un jury constitué de Jorge Flores Velasco, Andréa Franco et Benjamin Léon, le prix Camira du long-métrage à Milla de Valérie Massadian (France / 2017 / 2h05, sortie le 11 avril 2018, JHR films). Tandis qu’ils ont remis le prix Camira du Court-métrage a été remis à Rouge amoureuse de Laura Garcia (France / 2017 / 23 min). Avec un jury parrainé par Jeanne Added, le prix Eurocks one+one a récompensé Water Folds, de Briann Seo, avec une mention spéciale à Detern de Vincent Weber (France / 2017 / 35 min). Le prix du public est allé au long-métrage Cornélius, le meunier hurlant de Yann Le Quellec (FRANCE / 2017 / 1h42 / Sortie le 2 mai 2018 chez Ad Vitam.) et le prix du public pour le court a été decerné à She’s beyond me, de Toru Takano (Japon / 2017 / 42 min). Le Jury des Films en cours ont accordé une aide à la post-production à L’Amour debout, de Michaël Dacheux (fiction, France, Perspective Films, 1h40).

La soirée s’est terminée par une vraie fête de clôture avec un ciné-concert du film culte de Charlie Chaplin : The Kid.

visuel :photo officielle, Nul homme n’est une île (c) Météors Films.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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