Cinema
<em>Attenberg</em>, claque cinématographique (en salles le 21 septembre)

Attenberg, claque cinématographique (en salles le 21 septembre)

14 June 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le nouveau film de la cinéaste grecque Athina Rachel Tsangari vous emmènera loin des clichés sur les ruines et les pierres blanches des îles de son pays. Attenberg, en dressant le portrait d’une jeune femme misanthrope, écorche au couteau une société contemporaine dépassée par ses industries. Petit chef d’œuvre très remarqué à Venise et aux Premiers plans d’Angers.

Le générique nous met face à un mur blanc, craquelé. Plan fixe, un visage apparaît, un autre, deux jeunes filles s’emballent, sans passion, l’une enseigne à l’autre. La pro, c’est Bella, une “pute” dit sa meilleure amie Marina. Il faut dire que la jolie blonde se sentirait plus à l’aise au milieu des documentaires animaliers que filme son héros, Sir David Attenborough. La faune poilue lui parait moins hostile que les usines orange sale de sa ville où elle regarde doucement son père mourir à petit feux, on imagine d’une longue maladie.

Athina Rachel Tsangari impose un rythme insolite à son œuvre. Le mouvement vient de l’immobilisme ambiant. Elle s’amuse à faire marcher les deux amies de façon militaire dans un environnement qui semble sans début ni fin. Autour d’elles rien ne bouge vraiment. Bella enchaîne les conquêtes, Marina s’y refuse… un temps.
Film reposant où les seuls effets spéciaux viennent du grain de l’image toujours légèrement moucheté rajoutant à ce travail un aspect extrêmement vieillot, alors que l’action se situe au XXe siècle nous dira le père. La Grèce montrée ici est pitoyable, petites vies pour grandes cheminées industrielles, tout est gris, tout semble froid. Et pourtant, Attenberg n’est pas ennuyeux une seconde, il alterne des moments de légèreté où le rire soulage face au sentiment d’oppression venant des angoisses de Marina. La lumière est radicale, sans concession, sans cadeau. Les mouvements de caméra tiennent du génie, offrant une œuvre d’art de premier ordre.

Ariane Labed crève l’écran de ses yeux clairs et de sa démarche d’ado attardée. On apprendra son âge au cours de l’histoire et ce sera une surprise, gardons la nouvelle secrète. La jeune femme a obtenu à Venise et aux Premiers Plans d’Angers un prix d’interprétation féminine bien mérité.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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