Another earth, un film beaucoup trop explicatif
Primé au Festival de Sundance (Prix spécial de jury), présenté au Festival de Deauville, Another earth est un film qui ne manque pas d’atouts mais qui pêche par excès de sérieux et d’ambition philosophique un peu lourde. Dommage, mais pas inintéressant… Sortie le 12 octobre.
L’idée de départ est belle : que se passerait-il si l’on découvrait l’existence d’une planète jumelle de la Terre, où nous aurions chacun notre double ? Pourrait-on enfin se réconcilier avec soi-même, se regarder en face ?
Rhoda, belle et brillante jeune fille diplômée en astrophysique (et donc passionnée par le cosmos), commet un crime irréparable précisément la nuit où Terre 1 prend conscience de l’existence de Terre 2. Après 4 ans de prison et une trajectoire brisée net, elle tente de survivre tant bien que mal dans un monde devenu étranger. Comment vivre avec le poids de son acte ? Comment se pardonner ? Rhoda hésite entre la contrition, l’aveu de sa faute, le suicide, ou la fuite pure et simple qui lui permettrait d’entamer une nouvelle vie sans tache.
L’image lointaine et phosphorescente de Terre 2, l’innocence perdue, l’errance de Rhoda dans une vie désormais barrée, tout cela est intéressant et plutôt bien filmé. Mais, malheureusement, le film veut à tout prix paraître intelligent, philosophique, et se perd vite dans des élucubrations un peu creuses sur le sens de la vie, le choix, le pardon, qui nous tiennent, du coup, à distance.
La jeune Brit Marling est vraiment très belle et talentueuse. Son partenaire, William Mapother, joue très bien également. Mais enfin, doit-on forcément s’enfoncer un bonnet sur la tête pour montrer que l’on va mal ? Certaines scènes sont indigestes, notamment celles où apparaît le vieil agent d’entretien qui, tout comme Rhoda, ne se supporte plus lui-même et cherche à se fuir.
Sur le deuil et ses échappatoires, possibles ou non, le récent Rabbit Hole, de John Cameron Mitchell, avec Nicole Kidman et Aaron Eckhart, était nettement plus réussi (et n’a, hélas, pas du tout marché !) : peut-être parce que le fossé entre la réalité tragique et la fiction envisageable y était plus tangible ? A bien des égards, le désespoir de Another earth fait figure d’exercice de style.
Un film beaucoup trop didactique, à la fin assez niaise, mais qui mérite le déplacement pour son ambition, sa sincérité et pour quelques belles scènes (et pour qui a envie de voir une actrice très jolie et visiblement douée).
Another earth, de Mike Cahill, Etats-Unis, 1h32, avec Brit Marling, Matthew-Lee Erlbach, DJ Flava, William Mapother. Sortie le 12 octobre 2011.