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“Sons of Denmark” de Ulaa Salim : un thriller politique poignant !

“Sons of Denmark” de Ulaa Salim : un thriller politique poignant !

18 September 2019 | PAR Simon Théodore

Engagé dans la compétition crossover de la douzième édition du Festival Européen du film fantastique de Strasbourg, Ulaa Salim dévoilait sa première réalisation Sons of Denmark. Ce thriller politique dresse un portrait terrifiant de la montée de la xénophobie en Europe, et plus particulièrement, dans ce petit pays du Nord.

Copenhague, 2025. Une attaque à la bombe a provoqué une stigmatisation des musulmans et des populations immigrées du pays. Zakaria (Mohammed Ismail Mohammed), un jeune homme de dix-neuf ans, va alors être enrôlé par un voisin pour assassiner le leader du mouvement nationaliste danois. Son destin, ainsi que celui de son compagnon Ali (Zaki Youssef), vont alors être bouleversé à jamais.

Depuis quelques années, le FEFFS s’est ouvert à d’autres genres que le fantastique. Dans ce contexte, il est possible de découvrir des films de genre étroitement influencé par l’actualité. Sons of Denmark fait partie de cela et ne laisse pas indemne. D’abord, parce qu’il rend compte d’un monde en plein bouleversement. Ensuite, parce que la montée des nationalismes brise autant la société qui l’engendre que les destins individuels qui la subisse.

L’innocence des victimes de la première scène impose la gravité du film. Celle-ci est renforcée, à certains moments, par la bande originale magistrale. Le premier tiers du film traîne quelque peu en longueur. Si l’on comprend facilement que la vie de Zakaria va chavirer, il est difficile de trouver une réelle profondeur au personnage. Et ce malgré les efforts d’Ulaa Salim pour filmer des scènes de familles et l’inquiétude d’une mère. Cependant, cette première partie du film sert à planter le décor pour amener le final terrifiant et bouleversant.

Sur la fin de cette première partie, l’ennui gagne presque mais, à partir du retournement de situation, la tension monte et le film gagne en intensité. L’interprétation de Zaki Youssef est remarquable et l’évolution psychologique de son personnage angoissante. La rencontre perturbante d’Ali avec Martin Nordahl (Rasmus Bjerg), le leader du parti d’extrême droite, est une des très belles scènes du film. Tout oppose ces personnages mais leurs vies sont étroitement liées. La force de Sons of Denmark réside ainsi à mettre en évidence comment ce contexte politique global et nauséabond ronge les parcours de vie. Qu’ils soient victimes de la montée des extrêmes ou principaux initiateurs, ce phénomène les dépasse et il n’en résulte que d’horribles choses.

Terriblement d’actualité, Sons of Denmark est un film effrayant par son réalisme. Pour son premier film, malgré une petite longueur, Ulaa Salim signe donc une œuvre poignante du cinéma nordique. Preuve en est : le silence pesant lorsque la salle se rallume en fin de projection…

Sons of Denmark de Ulaa Salim. Avec Mohammed Ismail Mohammed, Zaki Yousseg, Rasmus Bjerg. Genre : thriller. Durée : 1h57.

Visuel : affiche du film

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