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Mala Junta, luttes et adolescences- Cinélatino

Mala Junta, luttes et adolescences- Cinélatino

21 March 2018 | PAR Lili Nyssen

Mala Junta, de la réalisatrice chilienne Claudia Huaiquimilla, prix du public de la Dépêche du Midi de l’an dernier au Cinelatino est de retour au festival cette année, qui se déroule jusqu’au 25 mars. Une ode à l’adolescence, un bijou de délicatesse. 

Dans un Chili au cœur des tensions territoriales, le jeune Tano, bel adolescent turbulent, est envoyé chez son père loin de la ville. Face à l’ennui et au suivi de l’assistance sociale, il doit canaliser la colère silencieuse qui s’est accumulée en lui par un passé familial difficile, un père absent et une mère dans l’ombre d’un beau père violent. Le voici débarqué au sud du Chili, où des conflits socio-politiques mettent en confrontation les industries forestières, la police, et les militants mapuches qui luttent contre les persécutions et la prise de leur territoire. Tano fait la connaissance de Cheo, dont l’adolescence est engluée dans le harcèlement scolaire, et s’engage près de lui, d’abord comme un jeu, une opportunité de lien social, puis comme une conviction humaine, dans la défense du territoire et de la communauté mapuche.

Le film est le récit d’une pensée libre, celle de Tano qui apprend sur le tas à se défaire des préjugés et des idées préconçues. C’est aussi l’histoire d’une amitié pudique et muette, qui se tisse malgré toutes les différences qui pourraient l’en empêcher (différences sociales, différence physique, différence d’assurance, différences d’intérêts), dans un silence délicat. La pudeur éclate parfois, percée par l’alcool ou la rage, mais toujours traitée dans une sensibilité douce, une infinie justesse.

Le film est aussi l’histoire d’un collectif. Un peuple, des idées, des luttes. Sujet emblématique du cinéma chilien, les luttes affrontent les institutions, dont la faiblesse est souvent démontrée via les films. Dans la revue du festival Cinemas d’Amérique Latine (numéro 26), on peut lire dans l’article Représenter la communauté (Figurar la communidad), par Sebastián González (directeur de programmation, journaliste et master en scénario) , Vanja Munjin (sociologue et diplomée en théorie du cinéma) et Iván Pinto (critique de cinéma, enseignant et chercheur) : “Les trames narratives du cinéma chilien post 2011 sont profondément liées aux événements socio-politiques générant de nouvelles représentations de la question de la communauté”. Sont citées également des oeuvres chiliennes telles que Volantín cortao (Aníbal Jofré et Diego Ayala), Tuer un homme (Alejandro Fernández Almendras) ou El primero de la familia (Carlos Leiva). L’occasion de s’interroger sur les tensions chiliennes au cœur de l’actualité.

Prix du public La Dépêche du Midi en 2017, le film est de retour à Cinelatino à Toulouse jusqu’au 25 mars, et est joué à l’Espace St Michel et au Luminor cette semaine. Il sera également projeté à Paris au Majestic Passy, pour une rencontre exceptionnelle avec Claudia Huaiquimilla et l’acteur Andrew Bargsted, dans le cadre de LatiGnolas en Paris (Infos ici)

Visuels : © 2018 – Bodega Films, visuel officiel Cinélatino

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Lili Nyssen

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