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“L’Étrange Petit Chat”, un premier long métrage épuré de  Ramon Zürcher

“L’Étrange Petit Chat”, un premier long métrage épuré de Ramon Zürcher

24 March 2014 | PAR Eugenie Belier

Le premier long métrage de Ramon Zürcher en salle le 2 avril exprime la mélancolie du quotidien de manière épurée et glaciale.

Une journée (du petit déjeuner au dîner) au cœur d’une famille Berlinoise, dans le huis clos étouffant de leur appartement. Simon et Karin frère et sœur, rendent visite à leurs parents et leur petite sœur. Il n’y a pas d’autre histoire que celle du déroulement d’actions, de faits, de gestes et de paroles vides, creuses qui finissent par sembler quasi absurdes.
Aucune histoire, mais une illustration de la quotidienneté, une chorégraphie de gestes et de tableaux froids montrant l’articulation de la vie familiale, comme un rétrécissement de la société humaine.L ETRANGE PETIT CHAT
Une mélancolie ressort alors nettement à travers tous ces tableaux trop beaux, trop étudiés, trop arides. Mélancolie cruelle et lourde sur le sens de la vie, le but de celle-ci. Tout ici est statique et pourtant on s’agite dans tous les sens et dans le vide, dans cette toute petite cuisine où se croisent et s’entrecroisent chacun des personnages.

Le film a pour couleur dominante celle du petit chat roux : la couleur orange est partout, celle des épluchures du fruit, du jus, de la saucisse, du pull de la fille, bref le chat donne le ton et l’ambiance.
Car dans ce petit monde il semble qu’il n’y est que 3 personnages qui soient véritablement en vie : la petite soeur, qui respire la joie de vivre, elle découvre les joies de l’écriture, elle crie, elle est enthousiaste pour tout, même pour nourrir le rat ou nettoyer le vomi devant la porte. La fille aînée aussi semble encore en vie, elle sourit, elle s’exprime, elle ressent. Enfin le petit chat que l’on retrouve sur presque chaque tableau lui aussi est pourvu d’un élan vital, d’une énergie, s’opposant ainsi à la figure du chien noir, autre animal de compagnie familial.

Les autres personnages en revanche sont à l’image des tableaux et plans du film : glacials comme dépourvue d’âme.
Le père est un fantôme sans visage, sans voix, la mère comme le petit cousin est une morte vivante dans la pure contemplation des non- évênements, elle porte sur elle tout le poids de la vie.

D’une esthétique rare chaque plan est un véritable tableau illustrant la terrible beauté du quotidien, la dimension magique et poétique de l’habitude, de la vie de tous les jours, comme de l’eau qui coule, plate, sans tragique ni surprise, sans rien du tout finalement : le néant de l’existence.

Impossible de nier l’extrême beauté qui se dégage du film ainsi que la finesse de la composition de chaque image, dans la contemplation pure le film s’achève pourtant dans un sentiment de légère frustration. Cette histoire qui n’en est pas une est un jeu dangereux, en voulant exprimer le ressenti du vide de l’existence le résultat risque de paraître tout aussi creux…

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Eugenie Belier

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