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[Cannes 2016, ACID] Le Parc : Damien Manivel filme l’amour suspendu
De Damien Manivel, nous avions aimé le court-métrage La Dame au chien (Prix Jean Vigo) et le long Un jeune poète. Un ton naturel, simple, qui émeut. Récit d’un premier rendez-vous adolescent, Le Parc, présenté à l’ACID, nous touche directement.
[rating=4]
Le Parc épouse le rythme de la nature, avec une belle fluidité. Un jeune homme, assis sur un banc, attend une jeune fille. La conversation a du mal à s’établir, tous deux sont gênés, empêtrés. Ils sont bizarrement assortis, lui très grand, dégingandé, elle toute petite. Les silences s’installent, coupés de questions banales. Ils se promènent, tentent d’apercevoir un écureuil. Des petits riens, mais la jeune fille, visage sérieux, un peu buté, semble vivre quelque chose d’important : « C’est nous, plus tard », lance-t-elle soudain lorsqu’ils croisent un couple âgé.
Un début d’idylle, et le jeune homme s’en va brusquement. C’est par sms, brutalement, qu’il s’expliquera. A partir de là, le film change imperceptiblement de couleur, avec la lumière du jour qui décline. Le soir qui tombe accompagne les illusions déçues de la jeune fille, et c’est très beau. « Je voudrais revenir en arrière » dit-elle à un moment. On la voit alors parcourir le Parc à reculons, comme pour conjurer le temps. Le fantastique est distillé légèrement, en une ligne pure et simple. Le Parc devient un personnage à part entière, presque une force de consolation.
Sans effet superflu, Damien Manivel nous rend sensible un premier amour, semblable à tant d’autres et qui, soudain envolé, laisse place à la sidération.
Le Parc, de Damien Manivel, France, 2016, 71 minutes, avec Naomie Vogt-Roby, Maxime Bachellerie, Sobere Sessouma. Cannes 2016, ACID.
visuels: photos officielles du film.