A l'affiche

Le gymnase Japy

07 October 2010 | PAR Laurent Deburge

Le gymnase Japy, sis au n°2 de la rue éponyme, est un lieu chargé de politique, d’histoire et de tragédie.

Cette sombre bâtisse, faite de briques, d’acier et de verre fût d’abord un marché dont la construction s’acheva en 1870 avant d’être dédié au sport et à la musique. Au cœur d’un quartier artisanal et pré-industriel, marqué à gauche de longue date, c’est là que se tint le premier Congrès général des organisations socialistes, début décembre 1899, qui sous les yeux attentifs d’un Léon Blum encore novice en socialisme, opposa notamment Jules Guesde et Jean Jaurès sur la question de participer ou non à un gouvernement bourgeois. A défaut d’union, c’est à l’unisson que la gauche y entonna l’Internationale pour en faire l’hymne du mouvement ouvrier et socialiste.
Pendant la deuxième guerre mondiale, le gymnase Japy devient un lieu de la plus sinistre mémoire des heures sombres de notre histoire. Le 14 mai 1941, la police française adresse aux juifs d’origine allemande, tchèque et polonaise un « billet vert » convoquant chacun en personne, accompagné d’un membre de sa famille, pour « examen de situation ». Ce piège les conduit aux camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, avant les déportations de 1942. Devenu bureau de chômage, le Gymnase sert encore à arrêter des juifs, le 20 août 1941. Puis c’est la rafle du 16 juillet 1942, où des milliers d’enfants juifs sont parqués dans le gymnase sur ordre de René Bousquet, préfet de police, et destinés au Vel d’Hiv avant les camps de la mort.

D’autres moments peu glorieux devaient encore illustrer le gymnase Japy, car c’est en août 1958 que le préfet Maurice Papon, y fit rassembler des milliers d’algériens raflés dans les rues de Paris. Un couvre-feu est instauré, et c’est le début d’une forte répression, menant à la fameuse nuit du 17 octobre 1961, où lors d’une manifestation pacifiste, des centaines de corps d’algériens sont jetés dans la Seine.
Chargé d’histoire, on comprend que le Gymnase Japy ait été si souvent utilisé pour des manifestations politiques depuis une vingtaine d’années : les femmes et hommes politiques aiment à y tenir des meetings, et à plusieurs reprises, le Gymnase a pu servir de « refuge » très provisoire à des sans-papiers africains menacés d’expulsions et réclamant des régularisations.

[mappress mapid=”8″]

Wall Street : L’argent ne dort jamais, d’Oliver Stone
Le Palais de la Femme
Laurent Deburge

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration