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La Quinzaine : “Riddle of Fire” splendide célébration de l’inventivité enfantine

La Quinzaine : “Riddle of Fire” splendide célébration de l’inventivité enfantine

20 May 2023 | PAR Olivia Leboyer
Riddle of Fire
Riddle of Fire

Une petite bande d’enfants, pour craquer le code d’un jeu vidéo, se lance dans la forêt du Wyoming en quête d’un œuf tacheté. Irrésistible, ce premier film vagabonde joyeusement hors des sentiers battus, loin de toute mièvrerie. Une vraie belle découverte de cinéma : une inventivité folle et le plein d’humour. La caméra d’or ?

Comme cela fait du bien de découvrir un premier film original, drôle, plein de vie ! Les nouvelles technologies, ChatGPT, les jeux vidéo tueraient la créativité ? Avec humour et optimisme, Weston Razooli nous embarque dans une équipée sauvage, où trois enfants, puis quatre, assurent la relève.

Leur but : obtenir le code parental de la télévision. Un accord : à leur mère grippée, ils ont promis de rapporter une tarte aux myrtilles. (On pense évidemment au beau et réconfortant My blueberry nights de Wong Kar Wai, 2007). A partir de là, tout explose en aventures échevelées, références en tout genre, et présence magnifique des enfants, d’une insolence à toute épreuve, et qui perçoivent tant de choses déjà.

Dans la forêt du Wyoming, le merveilleux le dispute au réalisme. Entre les chevaliers, les écuyers, les princesses et princes de la forêt, les enfants tombent sur un vrai gang d’adultes, une secte plutôt flippante. Pas dupes, les enfants sentent le ridicule de ces adultes “qui se croient cool” avec leur look hippie et leur musique country. Aussi se lancent-ils à la poursuite de ce play boy de pacotille, qui a refusé de leur céder un œuf tacheté.

Avec trois fois rien, Weston Razooli construit un jeu de pistes grandeur nature, la nature majestueuse du Wyoming. Futés, sensibles, les enfants s’adaptent facilement à tout nouvel environnement. Les deux grands, Alice (au pays des merveilles, Phoebe Ferro) et Hazel (Charlie Stover) se sont déjà promis l’un à l’autre. Les deux petits, Jodie (Skyler Peters) et Petal (Lorelei Olivia Mote), semblent encore plus mûrs.

Des chevauchées fantastiques à la Blade Runners, des chausse-trappes dignes du Club des Cinq, une effronterie à la Huckleberry Finn, les quatre enfants possèdent une vitalité et une créativité désarmantes. Une scène de danse improvisée, des pièges savamment tendus, rien n’est impossible pour revenir avec un œuf.

Aucun discours moralisateur sur l’éducation. Les enfants gagnent eux-mêmes leurs galons pour développer leur vision du monde, avec les moyens du bord.

Superbe. Pour nous, la caméra d’or.

Riddle of Fire de Weston Razooli, Etats-Unis, 1h52, 2023, avec Lio Tripton, Charles Halford, Charlie Stover, Lorelei Olivia More, Phoebe Ferro, Skyler Peters, La Quinzaine des cinéastes, Cannes 2023.

visuels: photo officielle du film.©

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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