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“Hinterland” : Stefan Ruzowitzky réussit son polar viennois sur la fin de la Grande Guerre

“Hinterland” : Stefan Ruzowitzky réussit son polar viennois sur la fin de la Grande Guerre

07 December 2022 | PAR La Rédaction

Après Les faussaires (2007), Stefan Ruzowitzky continue d’enquêter sur l’état d’exception laissé par la guerre avec une photo de peintre du 20e siècle. Noir, expressionniste et bien mené Hinterland est un film prenant ou “Seven” rencontre “Au-revoir la-haut”.

Par Jules Ceylan.

Peter Berg mène l’enquête

Ancien fin limier de la police de Vienne, Peter Berg (Murathan Muslu) rentre d’un camp de prisonniers de guerre en Russie, deux ans après l’Armistice. Vrai sujet de l’Empereur, il s’est précipité pour se battre et a laissé derrière lui sa femme et sa fille. A son retour, brisé par les tranchées et le camp, il trouve le monde bouleversé : Vienne est une démocratie, les communistes ont la parole et les femmes une place dans l’espace public. Il est vite rattrapé par la police parce qu’on a besoin de lui à double titre : comme enquêteur et comme ancien combattant à l’heure où un mystérieux tuer en série prend un malin plaisir à torturer d’anciens combattants… Sur chacun, supplicié dans les rues de Vienne, il laisse 19 stigmates …

Vienne à l’encre noire

Du générique du début qui s’inspire des plus grands tableaux expressionnistes aux dernières images, Hinterland est visuellement un régal pour ceux et celles qui aiment George Grosz et Otto Dix. Avec une intrigue bien ficelée, des personnages touchants (on adore la femme médecin-légiste habillée de blanc) et un contexte historique parfaitement explicité, ce voyage au bout de la nuit en mode cluedo et aux accents viennois familiers happe le spectateur. Ça grince et ça danse au Prater, tant et si bien qu’on a peu de temps pour s’attarder sur les abominable crimes commis par le Jack l’Eventreur local, aussi subtil que le serial killer de Seven et aussi plein de suif que les héros de Au-Revoir là-haut. C’est à une très belle et très euphorisante danse de mort (et de renaissance) que nous invite Stefan Ruzowitzky, dans une fresque accessible et réussie, qui a eu le prix du public à Locarno en 2021.

Hinterland, de Stefan Ruzowitzky, scénario Robert Buchschwenter, Hanno Pinter &Stefan Ruzowitzky, avec Murathan Muslu, Liv Lisa Fries, Marc Limpach, Max von der Groeben, Autriche, 2021, 99 minutes, Sortie Française le 21 décembre 2022.

visuel (c) affiche / Eurozoom

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