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Deauville Jour 7 “Katie says goodbye” et “Une suite qui dérange”, peu de soleil et pas d’espoir depuis l’observatoire

Deauville Jour 7 “Katie says goodbye” et “Une suite qui dérange”, peu de soleil et pas d’espoir depuis l’observatoire

07 September 2017 | PAR Olivia Leboyer

Ce jeudi 7 septembre, la compétition nous a proposé deux films particulièrement sombres. Stupid things, de Amman Abbasi, suit la plongée d’un jeune Noir dans un gang après la mort de son frère. Et Katie says goodbye, de Wayne Roberts, nous livre le portrait édifiant d’une jeune femme candide et confiante, malmenée par la vie. Dur.

Peu d’espoir dans les films présentés aujourd’hui. Encore que : avec Katie says goodbye, Wayne Roberts tente un pari étrange, en partie réussi. Peindre une jeune ingénue, confondante de bonté, livrée en pâture aux vices du monde qui l’entoure. Katie (Olivia Cooke), serveuse dans un diner d’autoroute, doit subvenir aux besoins de sa mère chômeuse et payer le loyer de leur mobile-home. Tout droit sortie d’une chanson d’Eddy MitchellAllongée sur son lit/Face au mur où Brando/Jouait encore les beaux/Elle se promet de ne plus jamais rêver/Fin de l’adolescence/Elle est devenue grande/Pas beaucoup mais assez/Pour faire une valise/Sa décision est prise »), la baby dol rêve de la Californie, « quelque part où aller ». Alors, pour économiser au maximum, elle se prostitue dans des camions… Avec, en plus, le désir de transmettre de la tendresse, de la camaraderie. Car, la jeune femme le répète, la vie est belle et il faut absolument avoir confiance dans les gens, dans le cours des choses…

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[rating=3]

Un beau jour, elle aperçoit un nouveau mécanicien, Bruno, sorte de brute épaisse un peu bas du front, qui sort de prison. Coup de foudre, pour Katie cet homme se trouve paré de toutes les qualités. Le pauvre garçon ne comprend pas, lui que personne n’a jamais regardé avec gentillesse. Entre eux, les scènes font d’abord sourire, tant ils semblent désaccordés. Mais, peu à peu, il se met à croire à cette histoire improbable et à partager les rêves de la midinette. Evidemment, la réalité, bien sordide, va se charger de les rattraper, à coup de viols, de coups, de vols, de mensonges, etc. Wayne Roberts ne nous épargne rien du calvaire de Katie, qu’il semble identifier à une figure christique. Film éprouvant, peu aimable, mais qui assume sa radicalité.

L’après-midi, nous découvrons le très utile documentaire Une suite qui dérange de Boni Cohen et Jon Shenk : en 2006, ils avaient tiré la sonnette d’alarme avec Une vérité qui dérange. Plus de dix ans après, défendre le climat est plus que jamais d’actualité. Salutaire, le film prend le pouls d’un monde à la dérive à force de courir après le temps.

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[rating=4]

Noires réflexions, temps incertain : sur les planches, rien de tout cela n’atteint les photographes venus célébrer la beauté sauvage de Michelle Rodriguez. Hier, c’était Antonio Banderas, qui inaugurait sa cabine. Signe du réchauffement climatique ?

Katie says goodbye, de Wayne Roberts, Etats-Unis, 1h35, avec Olivia Cooke, Christopher Abbott, Mireille Enos, Mary Steenburgen. Festival de Deauville, en compétition.

An inconvenient sequel: truth to power, de Boni Cohen & Jon Shenk, 1h40, Festival de Deauville: les Docs de l’Oncle Sam.

visuels: affiche officielle du Festival; photos officielles de Katie says goodbye et Une suite qui dérange.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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