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[Critique] “Peine perdue”, beau court-métrage mélancolique d’Arthur Harari

[Critique] “Peine perdue”, beau court-métrage mélancolique d’Arthur Harari

12 May 2014 | PAR Olivia Leboyer

peine-perdue

Après La Main sur la gueule (2007), Arthur Harari livre avec Peine perdue un court-métrage bucolique et triste : une partie de campagne où le désir ne circule pas avec fluidité. Primé à Belfort, à Clermont-Ferrand et à Brive, un film étrange et personnel, découvert au Studio des Ursulines lors de la Séance Format Court du 8 mai.

[rating=4]

Si Peine perdue évoque naturellement Une partie de campagne de Renoir, Arthur Harari compose une partition singulière. Ça commence dans l’insouciance, par quelques confidences de deux Parisiennes en vacances, par une petite fête dans la guinguette au bord de l’eau, par des échanges de regards : Rodolphe, un brun ténébreux, remarque la façon dont Alex, tout jeune homme gauche et renfermé, fixe la jolie Julia. Avec aplomb, il entreprend de donner au timide Alex une curieuse leçon de séduction. Un peu amusée, Julia se laisse mollement séduire, jusqu’à accepter une balade en barque pour le lendemain matin. Mais l’aventure tourne autrement.

Par glissements successifs, le ton change, comme des variations atmosphériques. L’enjouement ensoleillé fait place à un climat plus sombre, plus lourd. Sur la barque, le temps semble arrêté : et c’est bien du temps qu’il est question, de la vie que l’on a laissé filer. D’un seul coup, les choses se figent, le désir ne circule plus comme il faudrait et un malaise persistant s’installe.

Arthur Harari (que l’on a vu récemment en avocat au labrador dans le très réussi La Bataille de Solferino) filme ces malentendus, ces coups de fatigue, ces renoncements, avec une belle mélancolie. Dans L’eau et les rêves (1942), Gaston Bachelard écrivait de l’eau qu’elle est « l’élément de la mort sans orgueil ni vengeance, du suicide masochiste. »

Peine perdue, d’Arthur Harari, 2013, France, 38 minutes, avec Nicolas Granger, Lucas Harari, Emilie Brisavoine, Bertrand Belin, Aude Louzé.

visuels: photos officielles du film.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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