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[Critique]”Baden Baden”, la belle puissance de Rachel Lang

[Critique]”Baden Baden”, la belle puissance de Rachel Lang

03 May 2016 | PAR Olivia Leboyer

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Baden Baden fait naturellement suite aux court-métrages de Rachel Lang (Les navets blancs empêchent de dormir, Pour toi je ferai bataille), qui suivaient déjà l’actrice Salomé Richard, tout en énergie et grâce maladroite. Ana, 26 ans, éprouve les plus grandes difficultés à envisager l’avenir, sous toutes ses formes. Alors, elle trouve des subterfuges pour résister à sa manière. Un film triste et euphorisant, à découvrir absolument.

[rating=4]

Ana est encore à l’âge des possibles, mais elle est comme bloquée. Visage mutin et fermé, elle refuse les conseils maternels (Zabou), esquive les questions des amis. Que va-t-elle faire de sa vie ? Comme métier ? Rien n’est sûr, Ana paraissant absente à elle-même.

D’un petit job à l’autre, elle navigue entre humiliations quotidiennes et obstination à ne pas s’engager dans un projet. De retour chez sa grand-mère, qui s’est beaucoup occupé d’elle lorsqu’elle allait mal, Ana se trouve confrontée à la vieillesse et à la mort qui approche. Une idée se forme alors : pour témoigner son amour à sa grand-mère (formidable Claude Gensac), elle va se lancer dans l’installation d’une douche, pour remplacer la baignoire où elle risquerait de glisser. On pense un peu à Miranda July (The Future, Le Premier méchant), pour l’obsession des petits détails incongrus et la tristesse fantaisiste, folie latente qui dit non à l’apitoiement.

Efforts démesurés et focalisés sur cet objectif qui prend vite toute la place. Car Ana cherche à s’oublier, et à oublier Boris (Olivier Chantreau), son grand amour, un garçon tourmenté et égoïste, en plein succès artistique, lui. Séduisant, plein de vie et d’égoïsme, Boris prend sans donner, revient, repart, laissant Ana vidée et épuisée. Entre cet amour douloureux et exaltant et la jolie romance en pointillés entretenue avec son meilleur ami (Swann Arlaud, que l’on aime beaucoup), Ana ne sait pas où elle va. Sans compter Grégoire (Lazare Gousseau), ce si gentil vendeur en plomberie qui propose spontanément son aide, ou Amar (Driss Ramdi), ce jeune homme renfermé et mystérieux, qui semble la fuir. Ana séduit presque malgré elle, avec son charme de garçon manqué, mélancolique et rieur. Mais elle ne maîtrise rien et se retrouve livrée à ses interrogations solitaires, avec ses seules forces pour bagage.

Un beau film, où l’énergie de Salomé Richard fait merveille. L’affiche nous montre son biceps tendu, envers et contre tout. Courez voir ce Baden Baden, mélancolique mais plein d’allant.

Baden Baden, de Rachel Lang, Belgique, 1h34, avec Salomé Richard, Zabou Breitman, Claude Gensac, Olivier Chantreau, Swann Arlaud. Sortie le 4 mai 2016.

visuels: affiche, photo et bande annonce officielle du film.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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