[Critique] « Wrong Cops » ou la mauvaise private joke signée Quentin Dupieux
Après Rubber et Wrong, Quentin Dupieux le frenchie d’Hollywood nous replonge dans un de ses trips visuels avec Wrong Cops en délaissant complètement son scénario pour livrer une histoire plate et sans aucune cohérence … Un bon gros bad beat comme on dit outre-atlantique.
[rating=2]
Quentin Dupieux n’est pas un réalisateur comme les autres. Sa marque de fabrique c’est les OFNI : objet filmique non identifié. Soit vous êtes fans des extra-terrestres ou vous en êtes un et dans ce cas, ce film est (peut être) fait pour vous, soit vous êtes un citoyen lambda et alors vous resterez (certainement) sur le bord du chemin, ou plutôt en dehors de la forêt car oui Quentin Dupieux « n’essaie pas de faire un bon film, [il] essaie de [s]e perdre en forêt ». Le ton est donné et il serait bien évidemment faux de dire que l’on n’était pas prévenu. Entre Rubber et l’histoire d’un pneu tueur ou Wrong et la folie à l’état pur lors d’une recherche d’un chien enlevé par une secte sans nom, l’univers du réalisateur à de quoi séduire ou déplaire. Dans Wrong Cops il s’attache à dépeindre le quotidien d’une brigade d’agents de police complètement dégénérés. On suit Duke, un policier passionné de musique patrouillant dans les rues de Los Angeles avec un cadavre dans le coffre … Tour à tour le film s’attarde sur les autres membres de la brigade telle une succession de sketchs avec en toile de fond une comédie noire.
Mais c’est bien là tout le problème. Ces sketches ne forment pas un ensemble cohérent, mais une juxtaposition maladroite où les flics en prennent tous pour leur grade. On passe facilement du vulgaire au malsain dans une atmosphère certes pesante et intrigante, mais dénué de sens. Où veut aller Quentin Dupieux ? On se le demande encore. Il ne faut toutefois pas négliger sa maîtrise de l’absurde et son goût pour le bizarre mais finalement le concept du film prend rapidement le dessus sur le contenu qui s’est dispersé à toute allure. Effectivement, la bizarrerie des situations se répète et ce qui pouvait nous faire sourire en début de métrage tourne en l’espace de quelques scènes à une répétition où l’on frôle l’overdose. Cette absence de goût se caractérise par sa volonté à cracher sur tout le monde, à ringardiser et à taper sur tout ce qui passe. Raté.
Il semblerait bien que QD soit sous l’influence de substances, dommage que nous simple spectateur ne soyons pas dans le même trip … Du coup, quand la réalisation, le montage, le scénario et même la musique sont signés par la même personne cela pose quelques soucis. Quant au personnage principal du film, il est invisible, mais bien audible. Aussi bizarre que cela puisse paraître (en même temps on est chez QD) c’est bien la musique, une musique électro qui est omniprésente. Composée par Mr. Oizo (Quentin himself), cette bande originale est là pour sauver l’ensemble du naufrage (à moins que l’électro ne soit malheureusement pas votre came non plus, mais là on ne peut plus faire grand chose pour vous). N’oublions pas tout de même de mentionner Eric Judor et Marilyn Manson qui s’en sortent plutôt avec les honneurs ainsi que Mark Burnham en flic véreux complètement allumé.
Wrongs Cops, un film de Quentin Dupieux avec Mark Burnham, Eric Judor, Marilyn Manson, comédie, 1h25. Sortie le 19 mars 2014.
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