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[Critique] « Les sorcières de Zugarramurdi » : guerre des sexes fantastique par Alex de la Iglesia

[Critique] « Les sorcières de Zugarramurdi » : guerre des sexes fantastique par Alex de la Iglesia

07 January 2014 | PAR Hugo Saadi

Avec Les sorcières de Zugarramurdi, Alex de la Iglesia nous emmène à nouveau dans son monde à lui, un monde fantastique où l’humour noir et l’horreur font bon ménage sur fond de guerre des sexes jouissive. Complètement barré, le film est assez bien maîtrisé. [rating=4]

Connu pour ses idées et sa mise en scène souvent décalées, le réalisateur de Balada Triste, Le Crime parfait ou encore Perdita Durango, ne passera à nouveau pas inaperçu avec Les sorcières de Zugarramurdi. Ici, il s’attaque au genre fantastique et notamment le thème de la sorcellerie partant d’un pitsch assez simple : « En plein jour, un groupe d’hommes braque un magasin d’or de la Puerta del Sol à Madrid. José, père divorcé en plein conflit avec son ex-femme, Tony, son complice, sex-symbol malgré lui, Manuel, chauffeur de taxi embarqué contre son gré dans l’aventure, et Sergio, le fils de José, partent en cavale. Objectif : atteindre la France en échappant à la police… ».

Un objectif qui ne se réalisera pas, les braqueurs s’arrêtant près de la frontière française dans le village millénaire de Zugarramurdi, où siège une famille de sorcières bien décidée à se venger des hommes. Les sorcières de Zugarramurdi s’ouvre sur la scène du braquage où l’on y découvre, un Jésus et sa croix métallisés, Minnie et Mickey, Bob l’éponge, l’homme invisible ainsi qu’un petit soldat de plomb prêts à braquer la boutique de dépôt d’or. Une fois le casse réussi, s’ensuit une fusillade avec la police et une folle course-poursuite dans les rues de la capitale espagnole. La première partie du film est à l’image de cette scène d’ouverture à savoir d’une forte intensité. Jusqu’à l’arrivée dans le village de Zugarramurdi, haut lieu de la sorcellerie, le réalisateur se concentre sur ces hommes qui ont tous un souci avec leur moitié ou ex-moitié, La deuxième partie du film quant à elle s’essouffle quelque peu se focalisant sur les pratiques de la sorcellerie et faisant la part belle au fantastique. Les sorcières y prennent leur revanche sur les hommes et règlent leurs comptes à coup de châtiments corporels et autres pratiques vicieuses. Le final, un poil exagéré, vient conclure deux heures de pure folie et nous laissera avec le sourire aux lèvres tant les gags et les dialogues misogynes et très clichés sont dispersés avec générosité tout au long du film.

Cette plongée dans un univers où règnent l’absurde et l’humour noir est réussie grâce à une palette de personnages tous autant dérangés les uns que les autres que ce soit du côté des hommes que des femmes. Hugo Silva est le père indigne qui embarque son fils lors du braquage et qui remet la faute sur la mère, Carolia Bang est la sulfureuse sorcière aux attributs bien sanglants ou encore Carmen Maura l’intransigeante chef des sorcières. Avec Les sorcières de Zugarramurdi, Alex de la Iglesia use de beaux effets de mise en scène et se permet une nouvelle folie. La photographie du film est remarquable, le mélange des couleurs chaudes et du teint pale des sorcières est réussi. Enfin, mis à part le final un peu too much, les effets spéciaux sont bien gérés et dotent le film d’un caractère mystique et démoniaque. Véritable farce noire, le film vaut le détour pour sa scène d’introduction de très grande classe et pour la tombée de Charybde en Scylla des protagonistes masculins.

Les sorcières de Zugarramurdi, un film de Alex de la Iglesia, avec Carmen Maura, Hugo Silva, Mario Casas, comédie espagnole, 1h52. Sortie le 8 janvier 2014.

visuels © Rezo Films

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Hugo Saadi

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