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[Critique] « La Vache » : délice de comédie positive produite par Jamel Debouzze

[Critique] « La Vache » : délice de comédie positive produite par Jamel Debouzze

20 February 2016 | PAR Gilles Herail

Le deuxième film de Mohamed Hamidi après Né quelque part est un délice de comédie itinérante qui révèle un grand acteur de comédie, Fatsah Bouyahmed. La Vache est porté par une énergie positive incontestable et réussit à merveille à métisser la traditionnelle chronique rurale à la Jean Becker. Un périple tendre et hilarant qui mérite sa bonne réputation.

[rating=3]

Extrait du synopsis officiel : Fatah, petit paysan Algérien n’a d’yeux que pour sa vache Jacqueline, qu’il rêve d’emmener à Paris, au salon de l’Agriculture. Lorsqu’il reçoit la précieuse invitation devant tout son village ébahi, lui qui n’a jamais quitté sa campagne, prend le bateau direction Marseille pour traverser toute la France à pied, direction Porte de Versailles.L’occasion pour Fatah et Jacqueline d’aller de rencontres en surprises et de vivre une aventure humaine faite de grands moments d’entraide et de fous rires. Un voyage inattendu et plein de tendresse dans la France d’aujourd’hui.

La Vache fut la sensation du dernier festival de l’Alpe d’Huez, qui confirme d’année en année sa capacité à dénicher de véritables pépites de comédie populaire. Le nouveau film de Mohamed Hamidi détourne les enjeux de Né quelque part en nous racontant un voyage inverse, de l’Algérie vers la France. A travers l’histoire d’un petit paysan qui réalise son rêve en décrochant une invitation pour le salon de l’agriculture. La Vache appartient à la catégorie des films qui font du bien (feel-good) et reprend des recettes éprouvées : road-movie initiatique, comédie de choc des cultures et chronique initiatique sur le succès d’un outsider passionné. Un canevas classique qui séduit malgré tout grâce à une écriture soignée et une vrai efficacité comique. Le cinéaste a imaginé un film réconciliateur qui métisse la chronique campagnarde à la Jean Becker et rapproche les populations rurales de la France et de l’Algérie au sein d’une histoire d’entraide et de solidarité. En faisant preuve d’un optimisme à toute épreuve qui évite soigneusement la question du racisme et revendique la forme du conte optimiste.

La Vache évite l’écueil de la fable niaiseuse et bien pensante grâce à une écriture soignée et un acteur au sommet de sa forme. Fatsah Bouyahmed apporte une gueule, un enthousiasme et un sens du rythme indéniables qui emportent l’adhésion des spectateurs dès la première séquence. Où son personnage réinterprète à sa manière, seul dans un champ, des standards de la variétoche française des années 1980. Le scénario multiplie les scénettes hilarantes, qui reposent à la fois sur un humour familial « classique » et sur le décalage identitaire. La Vache étonne par la qualité de ses dialogues et son sens du détail, qui alimentent une bonne humeur permanente. On rit énormément, du début à la fin, porté par une énergie positive qui nous fait oublier les effets « feel good » parfois un peu appuyés (notamment vers la fin). Mohamed Hamidi nous offre un conte optimiste rassembleur qui pourrait ressembler par certains côtés à La Famille Bélier (en bien mieux). Mais La Vache intéresse aussi par sa dimension plus « politique » et sa volonté de parler de manière positive des liens entre la France et le Maghreb.

L’association de Jamel au projet (en tant que second rôle et co-producteur) s’inscrit dans la volonté grandissante de l’artiste d’utiliser sa notoriété pour promouvoir des projets qui contribuent au dialogue culturel. Jouant de la comédie et du divertissement pour proposer des représentations différentes de l’Afrique du Nord. La Vache parle très bien du je-t-aime-moi-non-plus entre la France et l’Algérie, des références culturelles communes et des images d’Epinal fantasmées. Le film crée également un parallèle intéressant entre les difficultés que subissent les agriculteurs, de part et d’autre de la Méditerranée, nous faisant croire à cette épopée solidaire qui force pourtant parfois un peu le trait. La Vache est sans conteste la comédie française la plus drôle de ce début d’année, avec Encore Heureux. Et on souhaite un large succès à ce film soigné, généreux, qui vous fera plus rire que les surestimés Tuche 2.

Gilles Hérail

La vache, une comédie franco-algérienne de Mohamed Hamidi avec Fatsah Bouyahmed, Lambert Wilson et Jamel Debbouze, durée 1h31, sortie le 17/02/2016

Visuels : ©  affiche et bande-annonce officielles du film
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Gilles Herail

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