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[Critique] « La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil » de Joann Sfar. Virée sensuelle et hallucinatoire de la femme fatale Freya Mavor

[Critique] « La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil » de Joann Sfar. Virée sensuelle et hallucinatoire de la femme fatale Freya Mavor

04 August 2015 | PAR Gilles Herail

Le nouveau film de Joann Sfar (après le Chat du Rabbin et Gainsbourg Vie Héroique) s’inspire d’un polar ambiancé de Sébastien Japrisot. Le cinéaste s’amuse à créer une atmosphère hallucinatoire et sensuelle dans un pur exercice de style, classique mais assez stimulant.

[rating=3]

Synopsis officiel : Elle est la plus rousse, la plus myope, la plus sentimentale, la plus menteuse, la plus vraie, la plus déroutante, la plus obstinée, la plus inquiétante des héroïnes. La dame dans l’auto n’a jamais vu la mer, elle fuit la police et se répète sans cesse qu’elle n’est pas folle… Pourtant…

Le roman de Sébastien Japrisot avait déjà été adapté dans les années 1970, dans un film oublié d’Anatole Litvak. L’annonce d’un remake avait surpris mais on comprend vite l’ambition et la motivation de Joann Sfar : se faire plaisir dans un pur exercice de mise en scène, faire du cinéma d’ambiance, d’effets, d’atmosphère. Avec un fil rouge ténu prétexte à une virée hallucinatoire qui emmène le personnage principal toujours plus loin vers la folie. Quentin Dupieux avait su avec humour jouer avec la notion de réel dans son dernier film qui s’amusait à perdre en permanence son spectateur en effaçant les barrières du rationnel. Le scénario de La dame dans l’auto est beaucoup moins ambitieux et l’inutile résolution finale du mystère tombe comme un cheveu sur la soupe.

Le film s’apprécie en revanche pour son climat très travaillé. Freya Mavor est parfaite, incarnant à merveille la transformation d’une secrétaire à lunettes en femme fatale mystérieuse et inquiétante. Le trouble s’installe dès les premières minutes, où le personnage principal se retrouve dans l’enceinte inquiétante de la famille de son patron (Benjamin Biolay et Stacy Martin). Le malaise ne quittera plus le spectateur, embarqué avec son héroïne dans une virée en voiture libératoire et cauchemardesque. Porté par la séduisante bande-son mélangeant musique originale Hitchcockienne et standards américains des années 1960/1970, le film nous plonge dans un rêve éveillé, nous perd entre souvenirs, hallucinations et réalité.

La dame dans l’auto fait partie de ces films hommage. Qui reprennent les codes d’une époque (le jeu sur les split screen, les effets de montage, la voiture américaine) pour les proposer à une nouvelle génération de spectateurs. Le sous-texte est absent, l’originalité aussi. Mais le divertissement est bien là, grâce aux efforts appliqués du réalisateur et au charisme indéniable de son actrice principale. Joann Sfar est loin de réaliser un chef d’oeuvre mais son échappée féminine réinterprète avec pas mal d’efficacité la figure de la femme fatale dans un polar à réserver aux amateurs de films d’ambiance.

Gilles Hérail

La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, un thriller de Joann Sfar avec Freya Mavor, Benjamin Biolay et Elio Germano , durée 1h33, sortie le 5 août 2015 

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Gilles Herail

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