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[Critique] du film « Ni juge, ni soumise ! » Strip-tease déshabille le métier de juge d’instruction avec une tendre acidité

[Critique] du film « Ni juge, ni soumise ! » Strip-tease déshabille le métier de juge d’instruction avec une tendre acidité

19 February 2018 | PAR Gilles Herail

L’équipe de Strip-Tease, émission belge devenue culte au fil des années, fait avec bonheur le grand saut du petit écran vers la salle de ciné. Ni juge ni soumise est un témoignage passionnant sur le métier de juge d’instruction; une chronique drôle, troublante et acide de notre société; et un portrait de femme espiègle. De l’excellent cinéma documentaire. Notre critique.

[rating=4]

Synopsis officiel: Ni Juge ni soumise est le premier long-métrage StripTease, émission culte de la télévision belge. Pendant 3 ans les réalisateurs ont suivi à Bruxelles la juge Anne Gruwez au cours d’enquêtes criminelles, d’auditions, de visites de scènes de crime. Ce n’est pas du cinéma, c’est pire.

ni-juge-ni-soumiseStripTease est une émission culte pour une poignée de fans, qui ont dégusté avec délectation ces tranches de vie improbables, filmées sans commentaires, mais avec un regard à la fois acide et empathique. Ni juge ni soumise adopte le même ton, rieur mais respectueux, frôlant la moquerie sans jamais s’y abîmer. Le sujet est passionnant : partager le quotidien d’une Juge d’instruction, le personnage le plus puissant de France selon Napoléon, et témoigner des coulisses d’affaires que l’on retrouve d’habitude dans la rubrique “faits-divers. Les images sont saisissantes, nous interrogent, nous choquent parfois, nous font sourire aussi. Car la galerie de personnages qui défilent dans le bureau de Madame la Juge brille par sa diversité : une prostituée spécialisée dans le SM, une famille (très) consanguine, des petites frappes, des gentils paumés, des maris violents, de potentiels serial-killers, une mère illuminée infanticide, etc.

Tout ce petit monde se retrouve devant un personnage hors-du-commun, Anne Gruwez, au franc-parler ravageur et au style inimitable. Une femme de pouvoir, dotée d’un sens inné de la répartie, trimballant sa vieille 2CV dans les rues de Bruxelles, qui sont pour elles autant de souvenirs d’affaires passées. Une juge d’instruction passionnée par son métier, curieuse de tout, qui mène sa barque avec autant de bienveillance que d’autorité. Ni juge ni soumise nous présente de nombreuses scènes d’interrogatoires, captivantes, qui sont autant de témoignages de la société d’aujourd’hui et des fractures sociales qui la régissent. Tout en suivant une affaire fil-rouge (la réouverture d’une enquête sur le meurtre de deux prostituées) qui permet de mieux comprendre les moyens d’action concrets de la Juge. Le “style Strip-Tease” a ses détracteurs, qui trouveront une fois de plus que les réalisateurs se complaisent dans le portrait cynique d’irrécupérables “cassos”. Un procès d’intention qui ne résiste pas à la vision d’un film très humain, qui respecte ses protagonistes et nous ouvre les portes d’un monde trop méconnu. A voir !

Ni juge ni soumise, un documentaire  franco-belge de  Jean Libon et Yves Hinant, durée 1h39, sortie le 07/02/2018

Gilles Hérail

Bande-annonce et visuels officiels.
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