A l'affiche
Cannes, Compétition : Le “Frankie” d’Ira Sachs propose une ronde d’adieux au sommet

Cannes, Compétition : Le “Frankie” d’Ira Sachs propose une ronde d’adieux au sommet

21 May 2019 | PAR Yaël Hirsch

Nous avions découvert Ira Sachs à la Berlinale en 2014 avec Love is Strange, nous avions adoré Brooklyn Village. Avec Frankie, en compétition officielle à Cannes, le réalisateur quitte son cocon new-yorkais pour proposer un film choral sur les hauteurs de Sintra. Une ronde d’adieux d’acteurs internationaux remarquables qui tournent autour d’une Isabelle Huppert majestueuse. 

Actrice à succès vivant à Londres avec son nouveau mari (Brendan Gleeson), Frankie (Isabelle Huppert) se sait condamnée par la généralisation de son cancer. Sachant qu’elle ne passera pas l’année, elle réunit toute sa famille (fils, premier mari, belle-fille, mari de la belle-fille et petite-fille) ainsi qu’une amie (Marisa Tomei) pour de dernières vacances dans les hauteurs de Sintra, au Portugal. Sur les sentiers de ce lieu hors du temps face à la mer, les trajectoires se croisent, tentent de se séparer et les proches s’expriment ou se taisent… Reste à savoir si la grande dame qui tire sa révérence saura une dernière fois tout régenter. 

Film choral au casting éblouissant, d’autant plus que les acteurs se meuvent dans des costumes flamboyants, Frankie surprend de la part de Ira Sachs. Le réalisateur quitte le cocon newyorkais de ses premiers films et le verbe résonnant en huis-clos pour chorégraphier un ballet d’adieux choral, esthétique et lointain. Le cadre de sa caméra semble se débattre avec toute la théâtralité requise par cette tragédie à l’unité de lieu, de temps et d’action affirmés afin de saisir même la silhouette de ses acteurs en chemin. Toute en intériorité, Isabelle Huppert qui est allée chercher le réalisateur pour travailler avec lui est impeccable : elle donne une nuance de plus à son personnage préféré : la grande dame égocentrée, élégante et hiératique. Autour, la chaleur de Marisa Tomei, la prestance de Brendan Gleeson et la colère de Jérémie Renier fonctionnent. Tout en nuances et en suggestion, ce film parfois carte postale peut laisser un peu sur sa faim quant au tourment des sentiments. Il  n’empêche que tout est parfaitement maîtrisé et avec finalement, beaucoup plus d’originalité qu’il n’y paraît. Une fresque à recevoir comme un tableau et à laisser maturer en soi. 

Frankie de Ira Sachs, avec Isabelle Huppert, Brendan Gleeson, Marisa Tomei, Jérémie Renier, Pascal Greggory, Ariyon Bakare, Vinette Robinson, et Greg Kinnear, 2019, Portugal/France, 1h38, sortie française le 28 aout 2019

visuels : © 2018 Guy Ferrandis / SBS distribution

Retrouvez tous les films des différentes sélections dans notre dossier Cannes 2019

Violence raffinée à Lyon
Cannes 2019, Compétition : “Une vie cachée”, film-poème de Terrence Malick qui peut séduire et emporter
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration