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Cannes 2018, Quinzaine des réalisateurs : « Les oiseaux de passage », plongée intense au sein des cartels de drogue colombiens.

Cannes 2018, Quinzaine des réalisateurs : « Les oiseaux de passage », plongée intense au sein des cartels de drogue colombiens.

10 May 2018 | PAR Hugo Saadi

Passé en 2015 avec “L’étreinte du serpent”, un film poétique et spirituel, Ciro Guerra revient à La Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes avec “Les oiseaux de passage” (“Pájaros de varano”), un film détonnant qui va au bout de son propos, au risque parfois de malmener son spectateur. Une plongée au cœur des cartels de drogue colombiens qui surprend…

[rating=4]

Après “L’étreinte du serpent, film mystique en noir et blanc qui nous plongeait dans la jungle amazonienne au contact des tribus, Ciro Guerra, cette fois-ci accompagné de sa femme Cristina Gallego derrière la caméra, reste dans la thématique historique de ses origines colombiennes et nous emmène dans la famille indigène Wayuu. Les réalisateurs confrontent ces familles au juteux commerce de marijuana destinée à la jeunesse américaine pour accoucher sur une guerre des cartels inédite et mortelle au seins de ces tribus qui vivaient dans un climat serein et qui fondaient leur vie sur des cultes et des traditions ancestrales. Le film “Les oiseaux de passage” est rempli de cette notion de culte et de rituels. La scène d’ouverture en est l’exemple parfait : une cérémonie de demande en mariage bien énergique qui pose les bases de l’histoire et nous présente la future famille qui sera à l’origine du trafic de drogue.

Composé en plusieurs chants, sous formes de chapitres, le film évolue rapidement grâce aux nombreuses ellipses temporelles qui donnent des coups d’accélération à l’intrigue. La famille se retrouve alors très vite enrichie grâce à son marché avec des Américains et à l’avidité de certains, ce qui nous sera révélé par la suite. Puis l’histoire prend rapidement un tournant violent et tombe dans le film de cartels, faisant forcément penser à “Narcos” ou tout autre métrage sur la vie de Pablo Escobar. Règlements de comptes, fusillades, tête-à-tête musclé, milice armée, la guerre de clan fait rage. Tout monte crescendo dans un final qui nous bousculera. Cette montée assez rapide peut gêner à première vue, l’impression que le réalisateur a changé complètement de registre par rapport à son film précédent, mais la maîtrise dans la réalisation, le soin d’une musique apportée avec parcimonie et une variété dans les paysages, permettent au film de garder une saveur particulière pour lui éviter de tomber totalement dans les clichés d’un film à plus gros budget, même si l’intrigue reste toutefois assez prévisible.

Enfin, le film maintient une aura mystique grâce à l’importance des rituels et des présages oniriques qui ponctuent le film. Les traditions des tribus demeurent et partent en éclat lorsque les dollars pleuvent. Toute cette remise en question est savamment traitée par le couple Guerra / Gallego qui peut compter sur l’appui d’un casting de choc, même si l’on regrette parfois la légèreté de son précédent film face à la brutalité de celui-ci. Une évolution dans la réalisation, toujours bien maîtrisée, qui, cependant, laisse présager de futurs projets ambitieux, et ce, rapidement, puisque Ciro Guerra tournera son prochain film avec Robert Pattinson : “Waiting for the Barbarians” (2019).

« Les oiseaux de passage » un film de Ciro Guerra et Cristina Gallego, avec Carmiña Martínez, Jhon Narváez, José Acosta, José Vicente Cotes, Juan Martínez et Natalia Reyes. 2h05. Au cinéma le 19 septembre 2018.

Visuels © Ciudad Lunar Blonde Indian Mateo Contreras

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