A l'affiche
Bilan : box-office des films français à l’étranger en 2013 : le cinéma hexagonal encore sauvé par Luc Besson

Bilan : box-office des films français à l’étranger en 2013 : le cinéma hexagonal encore sauvé par Luc Besson

04 March 2014 | PAR Gilles Herail

Mauvaise année pour le box-office des films français dans le monde avec des grosses productions échouant à s’exporter et une offre généralement faible qui n’a permis de remporter que des succès d’estime pour quelques films du milieu. Luc Besson et son casting américain comblent un peu le vide avec des recettes mondiales solides pour son Malavita/The Family.

intou2012 était une année hors norme marquée par le succès de trois grosses productions nationales. L’incroyable phénomène Intouchables et ses scores de blockbuster américain (on le rappelle, 400 millions de dollars de recette monde, soit 100 de plus que Le Loup de Wall Street et du même niveau que le dernier Star Trek. The Artist dont l’immense succès américain et la razzia d’Oscars et de récompenses internationales a valu des succès d’estime dans les circuits d’auteur de tous les continents. Et Astérix 4 qui a déçu mais engrangé quelques entrées en Europe dans des territoires traditionnellement favorables aux adaptations des aventures du plus célèbre des gaulois. En 2013, ce sont 50 millions d’entrées réalisées, un chiffre en dessous de la moyenne des dix dernières années, qui s’explique avant tout par une offre limitée et l’absence de gros films en langue anglaise.

Selon les chiffres provisoires donnés par Unifrance le mois dernier, l’agence de promotion des films français hors de nos frontières,  seulement six films ont dépassé le million d’entrées hors France :

–        Malavita : 8 300 000

–        Amour : 3 500 000 (sur 2012 et 2013)

–        Un Plan Parfait : 1 900 000 (sur 2012 et 2013)

–        Colombiana : 1 600 000 (et 9 000 000 sur l’ensemble de sa carrière)

–        La vie d’Adèle : 1 200 000

–        La cage dorée : 1 000 000

D’autres films n’ont pas démérité entre 500 000 et 1 000 000 de spectateurs convaincus : De l’autre côté du périph, Paulette, Renoir, De rouille et d’os, Jeune et Jolie…

ecumeComme chaque année, c’est Luc Besson qui contribue majoritairement à l’exportation du cinéma français en produisant des films d’action en langue anglaise et au casting international. Pas de carton à la Taken mais des résultats solides pour des films largement pré financés en ventes internationales et dvd qui assurent un modeste succès en salle suffisant à leur rentabilité. On espérait bien sûr un vrai carton mondial pour le sympathique et inoffensif Malavita et son casting surréaliste (De Niro, Pfieffer, Thommy Lee Jones) mais seul un honnête succès est venu. Correspond assez bien à la modestie d’un film généreux ne cherchant pas l’esbroufe. Colombiana, qui date de plusieurs années a bénéficié de sa fructueuse sortie chinoise pour atterrir non loin du trio de tête. Europa Corp reste donc, quoi qu’on en dise, le principal moteur de la diffusion de films français à l’étranger, et ce n’est pas près de s’arrêter.

de l'autreLes grandes comédies françaises retrouvent aussi du poil de la bête quand elles mettent à l’affiche nos figures de proue du moment : Dany Boon et Omar Sy. Un plan parfait a dépassé le million d’entrées en Chine et égalé son score français. De l’autre côté du périph a bénéficié à fond de l’effet Intouchables en s’exportant très bien malgré un sujet très franco-français. Parmi les principales déceptions, nos grands réalisateurs nationaux n’ont pas réussi à renouveler leurs exploits passés. La tendance se poursuit donc après les derniers échecs de Jean-Jacques Annaud, on pense au Spivet de Jeunet dont le bide en France a handicapé une sortie à l’étranger qui aurait du être triomphale étant donné la popularité du réalisateur d’Amélie à l’étranger. Pire encore, l’Ecume des jours de Gondry qui a aussi déçu malgré un casting en or (Duris, Tautou, Omar), un style visuel hors norme et une véritable ambition populaire

C’est du côté des petits films qu’on retrouve les véritables bonnes surprises avec des scores inattendus.  Avec deux grandes tendances. Le succès confirmé des films de festival et du film d’auteur à la française. Amour, La Vie d’Adèle et à un plus petit niveau Jeune et Jolie de François Ozon rappellent que la marque France fait toujours son effet sur le drame, l’indépendant, avec potentiellement une petite dose d’érotisme pour titiller le spectateur étranger. De l’autre côté, la petite comédie surprise qui fait son bout de chemin grâce au bouche à oreille On pense à Paulette qui a dépassé les 500 000 entrées en Allemagne, renouvelant l’exploit improbable du Saint Jacques la Mecque de Coline Serreau qui avait réalisé plus d’entrées outre-Rhin qu’en France. Une Paulette qui a aussi enchainé les succès d’estime en Europe grâce à son sujet malin et au plaisir universel de voir une petite vieille ronchon s’ouvrir aux autres en vendant de la drogue.  Et bien sur La Cage Dorée qui a triomphé au Portugal en devenant l’un des plus gros succès de tous les temps mais a aussi attiré un public européen friand de feel good movies étrangers mettant du baume au cœur. En bas de tableau, certains acteurs continuent de se créer progressivement une véritable côté d’amour à l’export : Luchini avec Alceste à byciclette, Catherine Frot avec Les saveurs du palais sont des dignes représentenants d’une certaine vision de la comédie dramatique intelligente qui fait notre spécificité.

Affiche de Paulette en Allemagne2014 s’annonce sous des jours bien meilleurs. Avec déjà trois succès à l’étranger dans une catégorie trop souvent délaissée par le cinéma français : le cinéma d’aventures familiales. Belle et Sébastien a dépassé le million d’entrées en Italie (score énorme qui n’avait pas été atteint depuis Intouchables) et sa carrière à l’étranger ne fait que commencer. Le film d’animation Minuscules et son style inimitable a déjà séduit la Pologne et devrait connaître une belle carrière à l’étranger grâce à un concept porteur. Et La Belle et la bête de Christophe Gans qui va bénéficier à la fois de l’aura du matériau de départ de ce conte universel mais aussi du souvenir du Pacte des Loups qui avait séduit jusqu’aux Etats-Unis. Le premier test en salles est déjà très positif avec un week-end en tête du box-office italien de bonne augure avant les gros marchés que seront l’Allemagne, la Russie et on l’espère la Chine. Le reste de l’année s’annonce aussi très prometteur avec de l’actionneur Europa Corp attendu (3 jours à tuer, Brick Mansions), le projet fou de Besson avec Scarlett Johansson et un retour à la science-fiction à 100 millions de dollars de budget (Lucy). Une adaptation animée pour Astérix qui bénéficie d’une belle rumeur grâce à la présence d’Alexandre Astier et le succès du dernier album. La sortie européenne de Supercondriaque qui devrait maintenir les solides entrées de Rien à déclarer. Et puis bien sur, le retour de Toledano et Nakache, après Intouchables, avec un casting de rêve et un potentiel illimité. Sans compter les futurs films festivaliers et les bonnes surprises qui ne manqueront pas de se dévoiler tout au long de l’année. 2014 va donc être une année passionnante qui on l’espère fera oublier la déception 2013.

@Gilles Hérail

Les p’tits Pippa: une collection jeunesse à croquer
La Fnac se lance dans le streaming payant avec Fnac Jukebox
Gilles Herail

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration