Cinema
“11 fleurs” de Wang Xiaoshuai, un film malheureusement en demi-teinte

“11 fleurs” de Wang Xiaoshuai, un film malheureusement en demi-teinte

08 May 2012 | PAR Kylhian Hildebert

Avec 11 Fleurs Wang Xiaoshuai aurait pu signer une très belle variation sur la découverte de l’âge adulte par un jeune enfant. Hélas, en alternant des moments d’une pure beauté et d’autres où le film perd de sa substance, il n’éblouit qu’à moitié…

Synopsis : En 1974, au coeur de la révolution culturelle chinoise, un garçon de 10 ans observe le monde des adultes et n’y comprend pas grand-chose.
La rencontre avec un meurtrier en fuite le pousse au secret et au mensonge. Cette confrontation signera la perte de son innocence.

Le film possède une large résonance autobiographique, il s’agit des souvenirs du réalisateur, de sa vision personnelle de cette époque. C’est donc à travers ses yeux qu’il nous invite à pénétrer la Chine Maoïste, à l’époque de la Révolution Culturelle. Cette image de la Chine des années 1970 est particulièrement bien reconstituée, dans une province reculée, on prend véritablement conscience de l’importance et de la difficulté pour avoir des biens personnels. Le tissu étant rationné, la plupart des élèves n’ont qu’une chemise par an, lors du nouvel an ; vouloir une nouvelle chemise est un acte fort et l’obtenir l’est encore plus, il faut faire des sacrifices, elle devient aussi précieuse qu’un bijou. Le film contient des instants merveilleux : les dialogues avec le père, sur l’amour de l’art notamment. Dans un pays où l’idéologie est très présente dans les consciences, l’art apparaît comme une échappatoire.

Malheureusement parfois l’émotion et le propos du film tombent dans le convenu. Forcément il y des moments vus et revus (les enfants voyeurs qui observent deux ados en train de s’embrasser en cachette par exemple) qui sont un passage obligé pour beaucoup de cinéastes qui traitent de tels sujets. Mais nombreuses sont les séquences du film qui fonctionnent très bien d’elles-mêmes mais rattachées à l’ensemble, la fluidité du récit se fait plus difficile. On pense à la rixe entre les adolescents, bien que cela participe au fait que le jeune enfant ne comprend pas le monde qui l’entoure.

Un film inégal donc, dont la principale réussite vient de sa force et de sa richesse sociale.

Carole Martinez, la libération par l’enfermement
Rétrospective Cindy Sherman au MoMA, disponible en France grâce aux éditions Hazan
Kylhian Hildebert

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration