Cinema

« Ander », une histoire d’amour atypique

08 February 2010 | PAR Delphine Ameline

Pour son premier long-métrage, l’espagnol Robert Caston présente « Ander ». Ander est un paysan à l’existence monotone. Il vit dans le Pays Basque avec sa sœur et sa mère. Quand celui-ci se casse une jambe, José, immigré péruvien est embauché pour l’aider. Un bouleversement dans les relations familiales et un combat pour l’acceptation de son homosexualité.


Sélectionné au 59ème Festival de Berlin, « Ander » dévoile une histoire linéaire et simple de deux heures dix qui se divisent en trois chapitres. Dans le premier, le spectateur découvre Ander, son milieu, sa famille. Paysan basque, il vit dans un coin perdu de la Biscaye avec sa sœur Arantxa et leur vieille mère. Le protagoniste mène une vie monotone entre la ferme familiale et l’usine voisine. Sa sœur va bientôt se marier, et quitter le cocon familial. Lui, sorte de « Tanguy » version basque, est l’homme de la maison, à l’image de son père défunt. Le début du film est lent, au rythme des réveils matin d’Ander. Un jour, alors qu’il est parti dans les montagnes, il se casse une jambe. José, immigré péruvien, est embauché pour remplacer le paysan pendant deux mois. Dès son arrivée, les valeurs morales, strictes et traditionnelles s’expriment à travers la réticence de la mère à accueillir l’étranger.

Le deuxième chapitre va créer un bouleversement dans les relations familiales. Dès le départ, le réalisateur dévoile l’homosexualité de José et les deux hommes tissent lentement des liens ambigus.

Ander, interprété par Josean Bengoetxa, offre une belle performance, notamment lors des quelques scènes plutôt rudes (une scène sous la douche où l’homme se masturbe en pensant à José). Dès cet instant, l’homme brave un interdit. Dans cette société, ce monde machiste et traditionnel, l’homosexualité n’est pas acceptée.

Le tournage d’ « Ander » a réuni plus de vingt professionnels du Pays Basque dans la vallée d’Arratia, en région Biscaye. C’est  à l’initiative du BERDINDU, le bureau basque d’Attention aux Gays, Lesbiennes, Bisexuels, Transsexuels, et Intersexuels que Robert Caston a écrit ce scénario. Inondé de préjugés, tous les voisins campagnards sont comme arriérés. En face, on retrouve des personnages qui ont vécu des expériences douloureuses, débarrassés de tous ces aprioris. Dans cette catégorie de personnage, on découvre Reme (Mamen Rivera), une femme abandonnée par son mari avec un enfant, qui tente de survivre en se prostituant. Son personnage, touchant, prend de l’importance à mesure que le film avance. Pourtant, on peut difficilement s’empêcher de voir le cliché de la gentille prostituée abandonnée qui devient vite la confidente. C’est surtout le personnage perturbateur, José, joué par Christian Esquivel (rôle secondaire dans le « Che » de Steven Soderbergh), qui propose un homme simple, et juste dans son jeu.

Le  troisième chapitre – « Ander, José, Reme » – constitue le dénouement. Un film dramatique où le fil conducteur tourne autour de l’acceptation de l’homosexualité. Un thème controversé en France comme en Espagne depuis toujours mais au centre de l’actualité  depuis peu. Le ministre de l’Éducation Nationale – Luc Chatel –  a d’ailleurs interdit le court – métrage “Le Baiser de la Lune“. Ce petit film d’animation de Sébastien Watel destiné aux enfants de CM1 et CM2 avait pour vocation d’expliquer l’homosexualité et l’homophobie aux enfants. Un sujet encore tabou dans nos sociétés qui entraine la peur du regard des autres. Dans le film, Ander livre un combat contre lui même. Ce premier long – métrage de Robert Caston dénonce une société traditionnelle pleine de préjugés, où deux hommes n’ont pas le droit de s’aimer.

“Ander” de Robert Caston sera au cinéma le 17 février, avec Josean Bengoetxea, Christian Esquivel, Pilar Rodriguez, Mamen Rivera, Eriz Alberdi, Leire Ucha, Pako Revueltas et Pedro Otegi. Ce film est distribué par BODEGA FILMS, en partenariat avec Marilke Fleury.

Bande – annonce :

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Delphine Ameline

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