William Eggleston photographie Paris, à la Fondation Cartier
On connaissait le photographe pour ses superbes prises de vue du Sud des Etats-Unis, où la photo couleur n’ôtait rien au charme sensible des paysages, bien au contraire ! Mais pour le projet Paris, impulsé par la Fondation Cartier, l’œil d’Eggleston semble s’être perdu dans les étroites ruelles de la capitale.
William Eggleston fait partie de ceux qui nous démontrent que la photographie couleur n’a rien à envier au noir et blanc. En 1976, il inaugure une des premières expositions dédiées à la photographie couleur au MoMA, et marque de fait un tournant dans l’histoire de la photo. Après avoir réalisé Déserts (2000) et Kyoto (2001) pour la Fondation Cartier, le photographe revient aujourd’hui avec Paris. Cela fait trois ans qu’Eggleston a débuté ce projet initié par la Fondation. Alors, quand monsieur Eggleston, maître de la couleur, déambule dans les rue de Paname pour nous en livrer un portrait intimiste, on y court, et on en salive d’avance ! Malheureusement, au fil des photos, l’avidité s’estompe au profit de la déception.
William Eggleston, Sans titre, série Paris, 2006-2008
© 2009 Eggleston Artistic Trust
Courtesy Cheim and Read, New York
Le sujet se prête-il mal à l’œil d’Eggleston, lui qui est accoutumé à l’immensité des paysages d’Amérique ? En parcourant les photographies on reste froid, sans émotions. La couleur qu’on attendait promptement n’est pas au rendez-vous, ou que rarement. La plupart des compositions donnent l’impression d’être faites à la sauvette, comme si Eggleston n’avait pas pris de plaisir à photographier. Le photographe semble s’être tout juste acquitté de la mission dont il fut investi. Il ne semble pas avoir attendu le bon moment, le bon lieu, le sujet qui lui plaîsait. Son travail apparaît plus comme une contrainte que comme une « promenade photographique » au détours des rues de Paris, comme l’avaient fait avant lui les plus célèbres photographes français (HCB, Doisneau). Et pourtant on compare ces images à celles d’Atget et de Cartier-Bresson. Nous mettons là un gros point d’interrogation… !
Cependant, l’intention n’est pas de médire sur ce grand photographe. Parlons des quelques photographies qui méritent notre attention dans cette exposition : la jambe à la ballerine rouge, un reflet vert miroitant sur un trottoir, une femme de dos marchant le long d’un mur peint de motifs exotiques, ou encore le reflet du ciel sur la vitre d’une voiture. Là sont les quelques photos qui se hissent à la hauteur de son talent.
William Eggleston, Sans titre, série Paris, 2006¬¬-2008
© 2009 Eggleston Artistic Trust
Courtesy Cheim and Read, New York
« William Eggleston, Paris », à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, du 4 avril au 21 juin 2009. 261 bd Raspail, Métro Raspail. Tarifs : 6,50 euros / 4,50 euros.
Thomas Gérard
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