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Salon(s) du dessin, l’avenir du marché de l’art ?

Salon(s) du dessin, l’avenir du marché de l’art ?

18 March 2014 | PAR Enora Le Goff

Fin mars se déroulent trois salons majeurs du dessin, le Salon du Dessin, le Salon Drawing Now (contemporain) et le Salon DDessin (contemporain). C’est aussi à ce moment qu’a lieu la semaine du dessin, mettant en avant ce médium dans les musées et les galeries. Depuis quelques années on constate un véritable engouement du public pour cet art, tentons ici de voir pourquoi le marché du dessin se développe autant aujourd’hui et qu’est-ce que cela révèle des tendances du marché de l’art en général.

Des prix attractifs sur un marché de moins en moins accessible

Une petite révolution s’est produite ces dernières années dans le monde de la vente du dessin d’art dont la cote affiche la progression la plus spectaculaire de la décennie quand on la compare à celle de la peinture ou de la sculpture (depuis 2003 la hausse globale de l’indice des prix est de l’ordre de 200%). Cette montée des prix s’accompagne aussi d’une augmentation des ventes, ce marché représente aujourd’hui 33% des recettes du marché de l’art (contre 13% il y dix ans).

Cette explosion tient à plusieurs facteurs qui sont notamment la hausse faramineuse des prix de la peinture, donc naturellement les acheteurs trouvent sur le marché du dessin des œuvres à des pris bien plus abordables (un dessin au salon DDessin peut s’acheter entre 80 et 9000 euros, offrant ainsi une fourchette de prix large, celle de Drawing Now se situe elle plus entre 200 et 15 000 euros selon l’artiste). On retrouve donc notamment pour le dessin contemporain la possibilité de monter une collection à moindre prix, ce qui démocratise l’accès au marché de l’art et rajeuni le cercle des acheteurs et collectionneurs.

Un renouvellement et un rajeunissement de cet art

Martin Assig, Proie #101, 2008 Fusain sur papier 30 x 23,5 cm

De plus le dessin est, de part les tendances artistiques, au rajeunissement : fin mars sur les trois salons qui se tiennent à Paris, deux présentent des œuvres exclusivement contemporaines, le salon Drawing Now et le salon DDessin. C’est donc un marché qui a tendance à se rajeunir et donc à innover, beaucoup de gens se tournent aujourd’hui vers l’art contemporain (moins cher et plus dans l’air du temps que l’art dit “classique”). Et il est vrai que d’un point de vue esthétique le dessin comme trait, comme trace du corps, se prête bien à cet intérêt généralisé pour l’art contemporain comme expression profonde d’un mouvement, comme mode de révélation d’une intériorité. On retrouve cette idée du trait et du corps avec des artistes comme Tomas Scherer, artiste slovaque, qui investira un espace de DDessin avec des œuvres mêlant écriture et représentation des corps. Même le salon du dessin qui est plus “classique” met en avant des artistes contemporains, notamment Martin Assig, Matt Bryans, et Tomasz Kowalski.

Une plus grande accessibilité aux non-collectionneurs

Il est aussi à noter une ouverture des salons en général, en effet il n’est plus uniquement question de ventes, mais aussi de rencontres, de créations artistiques in situ (DDessin a mis en place depuis un an les soirées dessinées durant lesquelles une dizaine d’artistes créent sur une toile tendue longue de plusieurs mètres), les salons (notamment contemporains) sortent du cadre classique du marché d’art pour se tourner vers un véritable lieu d’exposition, de partage culturel. Ainsi en dehors des simples lieux de présentation des galeries les différents salons proposent des tables rondes ayant pour sujet l’économie du dessin, son enseignement ou encore sa place dans l’art contemporain en général. Selon Eve de Medeiros, la directrice et la fondatrice du salon DDessin, jointe par téléphone, “le marché est de plus en plus porteur justement pour cette facilité d’accès à la fois à des prix, mais aussi par cet aspect d’ouverture“. Elle insiste aussi sur la carte blanche qui présentera la collection d’œuvres de deux collectionneurs, Évelyne et Jacques Deret, selon elle “une telle exposition d’œuvres privées est très rare, de plus ces collectionneurs mettent véritablement en avant de jeunes artistes de toutes nationalités!” Ainsi ce salon met véritablement en avant de nouveaux noms, venant souvent du monde entier qui permettent de promouvoir l’ouverture du salon (et du marché) à la fois aux nouveaux artistes, mais aussi aux nouveaux horizons culturels.

On suppose donc de nouvelles éditions des salons très florissantes cette année et de nouveaux records de ventes dans cette tendance générale. Quant à vous que vous soyez collectionneurs aguerris, nouveaux acheteurs, ou simplement curieux il y aura de belles œuvres pour tous les goûts dans les différents salons du dessin à Paris fin mars!

Salon du dessin : du 26 au 31 mars – Palais de la Bourse
Drawing Now Paris – Salon du dessin contemporain : du 26 au 30 mars – Le Carreau du Temple & Espace Commines
DDessin – Salon du dessin contemporain : du 28 au 30 mars – Atelier Richelieu

Visuel (c) : affiches des salons, visuel Drawing Now

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Enora Le Goff

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