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La Tour 13 nous ouvre les portes du Street Art : Carnet de voyage

La Tour 13 nous ouvre les portes du Street Art : Carnet de voyage

26 September 2013 | PAR La Rédaction

Depuis 7 mois quatre-vingts artistes internationaux occupent une tour du 13ème arrondissement vouée à la démolition. Ils l’ont entièrement transformée, revisitée et leurs œuvres sont à découvrir du 1er au 30 octobre. Une plongée au cœur du street art qui expose ici ses talents et sa diversité, bien loin des clichés.

En arrivant quai de la gare, la tour du 5 rue Fulton ne se manque pas. Elle se détache en orange fluo de la grisaille parisienne : sur une face des calligraphies arabes, sur une autre d’immenses gouttes de peinture. En effet pourquoi ne pas s’emparer des murs ? Et pourquoi se contenter de l’échelle humaine (frises, frontons…) quand l’immeuble offre de si grandes surfaces ? Le ton est donné. Tout ce qui est convention dans l’habitat classique de ce bâtiment de neuf étages sera remis en question.
Ici pas de cadres, c’est la tour, du sol au plafond qui sera le support des œuvres, et qui deviendra l’œuvre. D’où l’excitation qui s’empare rapidement du visiteur et le pousse à aller de pièce en pièce la boule au ventre et en retenant son souffle, comme un gamin, chercher la surprise qui se cache derrière chaque porte. De plus en plus certain, à mesure qu’il avance dans la tour, de n’être jamais déçu.

La visite commence par le neuvième étage, grâce à l’ascenseur, et se poursuit, appartement après appartement jusqu’aux caves, où une installation révélée à la lumière noire joue avec l’obscurité naturelle des lieux. Les artistes sont regroupés par nationalité sur les paliers, il en ressort certaines tendances. Une noirceur plus marquée chez les ressortissants du Moyen-Orient par exemple, un minimalisme italien, une affection pour le pop et la couleur en Amérique du sud.
Ces cohérences s’expliquent assez facilement par des expériences de vie communes et montrent bien la perméabilité des graffeurs à leur environnement, à l’Histoire et à l’actualité. Des références au réel, à des évènements qui les ont touchés, se retrouvent dans de nombreuses œuvres. Le travail de + – , artiste portugais soulève les problèmes d’immigration, d’intégration et de logement, celui de Rodolphe Cintarino transforme des bombes de peintures vides en bombes menaçantes pointées sur la Syrie.
Mais ces tendances ne sont pas des règles mathématiques qui s’appliquent à tous, qui plus est, elles concernent surtout le fond, quand la forme est partout changeante, variée, surprenante. Le graf n’est pas la seule forme de création présente loin de là, sculptures, gravures, dessins, installations, s’accumulent dans un joyeux désordre pour créer un parcours ludique et jamais redondant. La forêt de tuyaux et de poutres de Shew précède le dessin à la craie sur mur noir de Beaudelocque et suit le travail de Mosko sur la perception de l’espace qu’il modifie avec des miroirs et des parois courbes.

L’approche des artistes au lieu qu’ils investissent est particulièrement intéressante. Certains le font disparaitre derrière leur œuvre, gomment l’appartement qui existait avant. Katre au contraire pose une photo en trompe l’œil sur tout un mur, on croit voir un appartement détruit, clin d’œil. D’autres jouent avec le papier peint seventies vieillot et l’insèrent dans leur peinture, d’autres encore intègrent à leur création des jouets d’enfants, restés sur place, les toilettes, la baignoire ou le canapé. Le destin de la tour, promise à  destruction semble avoir influencé les œuvres, qui souvent lui rendent un hommage plus ou moins caché.

Une certaine nostalgie, voire un aspect tragique se détache de l’ensemble, en même temps que la joie des graffeurs à réaliser ce projet (mis sur pied par la Galerie Itinerrance) transparait partout. La liberté de transgression qu’ils ont eu ici les a ravis tout comme l’idée de réaliser un projet commun. La découverte des 36 appartements revisités devient donc une promenade à la fois grave et enchantée dans le monde de grands enfants à l’inventivité et au talent débordants.
Attention, à voir un mois seulement !

Les œuvres seront aussi visibles sur un site interactif, www.tourparis13.fr, véritable musée en ligne ou les internautes pourront choisir de les conserver 10 jours après la fin de l’exposition. Un documentaire de Thomas Lallier pour France Ô, diffusé en 2014 retracera l’intégralité de « l’aventure Tour 13 ».

Page facebook de la Tour 13.

Texte : Mathilde Fabbro.

Photos : © Frankie & Nikki

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