La mort croise le rire au Musée du Quai Branly
Au Ghana, on se rit de la mort, on l’éloigne surement. En témoigne la petite mais sympathique exposition “Le rire, l’horreur et la mort. Affiches peintes des vidéoclubs et images des morts au Ghana” présentées en parallèle de la plongée dans l’oeuvre de Paul Jacoulet.
Nous sommes accueillis par de biens effrayantes affiches. Si l’on s’approche, une fois la peur passée, on réalise une chose étrange : ce ne sont pas des affiches imprimées mais peintes. On apprend alors que dans les années 1980 le pays voit proliférer les vidéo clubs. Les temples du VHS se parent de ces drôles de tableaux qui mixent la sorcellerie millénaire aux mythes contemporains.
Si on trouve des allégories de Terminator, les mythes ghanéens sont aussi largement représentés. Prenons pour exemple le film Jewels qui présente l’image d’une divinité “mère des eaux” qui porte chance ou enrichit ou Igodo qui traite d’une fable traditionnelle.
Ce qui est passionnant ici c’est le dialogue entre Hollywood et ces vidéos clubs, l’influence est malheureusement unilatérale. On le regrette un peu en voyant ce cercueil en forme de thon signé Kane Kwei témoigne d’un humour vorace jusque dans les limbes.
Dans un pays où le mort est présent, où on lui offre à manger par l’intermédiaire d’objets comme cette poterie “Abusa kuruwa” dont la fonction est d’assurer le lien entre les défunts et les vivants, le tour de force est d’en rire par les film “gores”, de sériés Z et, même, nous l’avons vu, par les objets.