Galerie
Paris Photo, les oubliés du 1er étage

Paris Photo, les oubliés du 1er étage

14 November 2014 | PAR Marie Crouzet

Chaque année dans les allées de Paris Photo, on découvre avec plaisir la programmation de galeries du monde entier. « Rendez-vous en B16 devant les grands formats de Juergen Teller », « Ne ratez pas le solo show de Roger Ballen au stand A20 », « allez voir les tirages inédits d’Araki en D22 ! » sont autant de phrases qui résonnent sous l’immense verrière du Grand Palais. Par opposition, au premier étage, pas un bruit. Si on tend l’oreille, on peut même entendre le parquet craquer. Faute d’indications claires, les visiteurs qui se bousculent au rez-de-chaussée n’osent pas monter jusqu’au Salon d’Honneur où sont pourtant présentées des expositions inédites, qui valent bien une petite montée des marches.

[rating=4]

Au premier étage, un espace en arc de cercle est dédié aux expositions. A chaque entrée (on peut monter par l’escalier droit ou gauche) sont présentées les expositions des partenaires de la foire.

A gauche, la banque JP Morgan présente une série issue de son propre fond: la JP Morgan Chase Collection. « Camera as a release » présente des clichés où le photographe sort de sa zone de confort et passe devant l’objectif. Malgré une thématique intéressante et quelques grands noms comme Cindy Sherman ou Tseng Kwong Chi, l’exposition manque de force et les visiteurs ne s’attardent pas.

Graciela Sacco, Acqua #6A l’extrême opposé, l’eau est à l’honneur avec Acqua #6. Chaque année, le couturier Giorgio Armani sélectionne des tirages appartenant aux galeries exposant à Paris Photo. Une œuvre est à retenir, l’impressionnante installation photographique de Graciela Sacco composée d’immenses panneaux de bois. Mais ici aussi, la sélection reste un peu timide. Un léger vague à l’âme, mais pas de tsunami en vue.

Pourquoi fallait-il monter alors ? Mais pour les deux magnifiques expositions qui se trouvent derrière !

La collection AlkaziCette année, Paris Photo présente la collection privée d’Ebrahim Alkazi, un directeur de théâtre influent et figure proéminente dans le monde des arts. Elle contient plus de 90 000 images de photographies d’Asie du Sud allant de 1860 à 1910. Ici, on découvre plusieurs écoles : celle du portrait, de la photographie peinte ou encore des paysages. On comprend que dans ces années là, en Asie, la photographie est poétique, souvent colorisée mais aussi éminemment politique. D’ailleurs, la famille dirigeante du Népal, les Ranas, ont utilisé l’image pour témoigner de leur pouvoir et de leur richesse : une multitude de portraits, en pied ou en buste, d’hommes et de femmes couverts de bijoux se font face. Ces clichés sont le témoignage des premières images de propagande. Dans cette salle, on découvre un univers fascinant et très peu connu du grand public, les débuts de la photographie en Asie du Sud.

 

Collier Schorr, Acquisitions MoMAPlus loin et sur une surface beaucoup plus étendue, les acquisitions récentes du Musée d’art Moderne de New York couvrent trois salles. Organisée par Quentin Bajac, ancien conservateur de la photo au Centre Pompidou qui dirige aujourd’hui le département photographie du MoMA, l’exposition rassemble des clichés réalisés par certains des plus grands photographes mondiaux. Toutes acquises depuis 2013 de photographes d’Amérique du Nord ou du Sud, les photographies reflètent les politiques menées par l’institution. Dans cet espace, on perçoit la volonté du MoMA de constituer des collections autour de figures majeures de la photographie comme William Klein ou Gordon Parks mais aussi la place importante de l’art conceptuel dans les acquisitions, comme le montre les deux œuvres, à la frontière entre la photographie et l’installation, de l’artiste argentine Liliana Porter. Les artistes contemporains ne sont pas en reste. Un magnifique quadriptique de Lisa Oppenheim trône à l’entrée de l’exposition et fait concurrence aux portraits de femmes de Collier Schorr. Une balade au cœur de New York sous la verrière du Grand Palais, ça ne se refuse pas.

 

visuels : affiche de l’évènement et (c) Marie Crouzet

Infos pratiques

Manufacture des Abbesses
Théâtre de l’Atalante
Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration