
Machination (s) à la galerie Eric Mouchet à Paris
Jusqu’au 8 octobre 2016, sept artistes se partagent l’espace de la galerie parisienne. Auteurs, cinéastes et musiciens, ils proposent une lecture intelligente de notre époque, un point de vue à la fois amusant et grave.

Une fête foraine étrange… C’est la première image, marquante, de l’exposition Machination (s) à la galerie Eric Mouchet à Paris. Certes, les couleurs et la promesse d’un lot invitent au divertissement sauf que les lots sont des pommes de terre, des mignonettes Molotov, un faux flashball, une bière venue de l’Atlas (la plus mauvaise du monde), un galet avec des coordonnées géographiques, un parpaing (si vous tombez sur ce lot bon courage !), une photo de la mère de l’artiste, une roue de poussette ou bien encore une truite sous-vide (si vous remportez cela, mieux vaut ne pas avoir un rendez-vous romantique après…).

L’installation de Thierry Liegeois et de Nicolas Tubéry, sculpteurs et vidéastes, est un jeu d’enfant jeté dans la mêlée de la dure réalité, le cynisme, la violence, mais aussi dans un humour décalé et provocateur dans lequel vous ne pouvez pas repartir bredouille si vous souhaitez connaître la suite de l’exposition. Oui, vous l’avez compris… C’est une machination ! En même temps, ce serait dommage d’éviter cet engrenage car la seconde partie révèle d’autres installations étonnantes, fruits d’un dialogue entre différents regards sur la société et les médiums à disposition.

Les machinations sont en marche et tournent à plein régime. Nicolas Tubéry, caméra au poing, dévoile le hors-champ et propose des films dans lesquels la vérité côtoie le faux.
Pierre Gaignard présente des contes documentaires sur son séjour dans les Abruzzes en Italie et sur un rappeur américain.
Dans le même esprit, Armand Morin s’intéresse aux paysages et au rapport entre les éléments produits par la nature et les constructions humaines, aussi bien sur le Mont Beuvray que dans une petite ville rurale située en plein désert du Chihuahua où l’on sent encore l’odeur de la poudre sortie des revolvers, les potences et la poussière.

Certains artistes se font l’écho des malaises actuels. Louis Henderson montre l’évolution du continent africain, menacé dans ses traditions- comme la magie vaudou- par un nouveau colon, les nouvelles technologies, dont les ruines que sont les métaux contenus dans les ordinateurs permettent à certains de gagner un peu d’argent.
Louis-Cyprien Rials se concentre sur les terres frappées par les catastrophes, Tchernobyl, l’ex-Yougoslavie, l’Irak, l’Arménie ou bien encore la Crimée, devenus « des parcs naturels involontaires ».
Autre réflexion sur notre époque, celle de Stephen Loye. Que change un événement tel le crash d’un appareil de la compagnie Germanwings le 24 mars 2015 dans les Alpes-de-Haute-Provence, une fois l’émotion et la médiatisation passées ?

Brillamment organisée par Aurélie Faure, co-fondatrice et présidente de la maison d’édition Born And Die– dédiée à la jeune création- Machination (s) est la carte postale d’un fou rire qui devient sérieux et nous incite à voir ce qui se trame derrière les évidences et les certitudes sans pour autant perdre son humour.

INFORMATIONS PRATIQUES :
Machination (s)
Jusqu’au 8 octobre 2016
Galerie Eric Mouchet
45 rue Jacob 75006 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 19h
www.ericmouchet.com