Exposition “Projections” de la Hatchikian Gallery, un voyage entre minéral et végétal
Quai 36, maison de production d’art qui héberge à la fois ses bureaux et un lieu d’exposition, est situé à Romainville, à l’entrée de la Fondation Fiminco. Cette localisation hors Paris a pour ambition d’œuvrer à la rencontre entre l’art et la population. C’est dans ce cadre que Quai 36 a organisé une exposition en collaboration avec Hatchikian Gallery. Projections recueille des œuvres de Chazme, Zabala et Nelio. A voir jusqu’au 1er avril à Quai 36.
Projections, c’est avant tout un coup de projecteur sur trois artistes de peinture murale, Chazme, Zabala et Nelio. De nationalités différentes, ces trois plasticiens ont fait des murs leur terrain de jeu. Mais c’est à des œuvres de plus petites dimensions que l’exposition nous donne accès : des peintures sur toiles aux couleurs marquées.
Les trois artistes font montre d’inspirations différentes : le Polonais Chazme, formé à l’université de Varsovie, nous représente des paysages urbains où règnent les formes géométriques et les lignes nettes, symboles d’aliénation. Diplômé d’architecture, l’artiste s’intéresse en effet à ce que la ville dit de nous. Si son obsession pour l’anonymat de la grande ville pourrait à première vue le relier aux plasticiens du début du XXe siècle, son travail de la ligne et de la couleur l’inscrit très clairement dans la postmodernité.
De son côté, le Français Nelio nous embarque dans des taches aux tons pastel qui jouent de légers contrastes. Au contraire du travail de Chazme, celui de Nelio postule la continuité entre les couleurs, nous entraînant ipso facto dans un monde de douceur, à l’image de ses immenses graffs qui adoucissent le paysage industriel urbain.
C’est toutefois l’œuvre de Zabala qui nous a marquée : le jeune artiste basque s’inspire au premier chef de son cadre naturel pour nous livrer une peinture qui mêle unité et diversité. Si l’homogénéité du style saute aux yeux, elle se conjugue sur le mode de la variation. L’univers naturel qui nous est livré passe ainsi du végétal au minéral sans solution de continuité, en un hommage subtile à la côte basque.
Le vernissage de l’exposition était précédé d’une visite des réserves du FRAC Île-de-France, situé lui aussi au Quai 36 de Romainville. Des œuvres y sont régulièrement sorties des fonds grâce à un choix du public, qui peut désigner par le biais d’une appli ce qu’il aimerait voir exposé. Cette opération, nommée “Sors de ta réserve”, nous a permis de voir Skull table de Saâdane Afif (2001) ou Pulsar de Philippe Decrauzat (2003). Les murs sont quant à eux recouverts d’un papier peint créé par Eric Gouret, nuancier de couleurs fabriqué conjointement avec la Maison des Réfugiés (Emmaüs Solidarité).
Exposition “Projections”, Hatchikian Gallery, Quai 36, 43 rue de la Commune de Paris à Romainville. Jusqu’au 1er avril.
Visuels : Julie Montel, Sylvain Vesco, Martin Argyroglo.
