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Drawing Now, le dessin prend du relief

Drawing Now, le dessin prend du relief

25 March 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Bientôt dix ans. Drawing Now est un grand et beau salon, en témoigne sa vitalité. Alors que Le salon du dessin se déroule au Palais Brongniart du 25 au 30 mars, la neuvième édition de Drawing Now, le salon du dessin contemporain, prend une nouvelle fois ses quartiers dans le Carreau du Temple. Ici, ce sont plus de 400 artistes qui sont représentés par 73 galeries. De quoi dresser le fil conducteur de l’actualité internationale du dessin. Tour de piste tout en volume.

Dépasser le dessin

Le fil conducteur de Drawing Now est limpide. Il tisse l’actuel de la création tout en mettant en relief “l’émergence”. Ce qui est percutant ici c’est de voir comment le dessin ne se fige pas et comment il est happé par la pluridisciplinarité. Présentée à la galerie Martin Kudlek ( Cologne, Allemagne) Sofie Muller brûle jusqu’au trouble. Ses cœurs débordent, des papiers se froissent sous la pression du feu. Le papier se dépasse ici et cela nous met la puce à l’oreille. On se la fera tirer jusqu’au bout, jusqu’au sous-sol où la jeune création se déploie. Martin Kudlek donne à voir également l’une des Terforations d’Angela Glajcar. La sculptrice creuse des cratères dans les feuilles comme si elle siphonnait du marbre. La sensation est à la fois dure et légère, elle percute.

Angela Glajcar | Terforation 2013 | Interview from Andipa Gallery on Vimeo.

La galerie viennoise bäckerstrasse4-plattform für junge kunst nous attire par ses mobiles signés Judith Saupper et le sol végétal de Marianne. Toutes deux sortent le dessin du plat en l’explorant en trois dimensions. Avec la première nous nous envolons, la seconde nous ancre au sol avec des fleurs poétiques, certes, mais dessinées au cutter.

La poésie, on la retrouve chez Claudine Papillon qui expose notamment une splendide Constellation de Cathryn Boch, (lauréate Drawing Now 2014) qui mêle encre, huile et couture au fil de coton beige.

Rester vivant

A la galerie allemande Michael Sturm, une petite œuvre nous titille. Elle est d’Astrid Köppe et se constitue de deux cadres. Ils sont en métal, et l’oxydation fait surgir progressivement un dessin sous la masse. Ailleurs, chez Catherine Putman, l’émotion nous attrape face aux propositions du plasticien Bernard Moninot. Une œuvre en particulier intitulée Mémoire du vent. Ici, des boites enduites de noir de fumée ont été suspendues à des branches ponctuées de stylet. L’action du vent a tracé des lignes dans les cercles. Plus bas, cette fois dans la partie “jeune création” de Drawing Now, nommée Emergence, on s’arrête net devant le stand de la Gowen Contemporary galerie qui propose une installation de Nick Laessing qui associe la voix  (en l’occurrence Noga) à la peinture par le biais d’une machine créé au dix-neuvième siècle, ici reliée à un écran. Un peu plus loin, à la Galerie Marine Veilleux c’est une drôle d’armée qui nous contrôle, celle de Daniel Otero Torres, et ses figurines, debouts, qui nous matraquent avec leurs écrans.

Exposer après Charlie

Se taire semble impossible. Il fallait signifier, ici, trop discrètement, que dessiner est aussi un acte politique, aussi un acte qui a causé la mort le 7 janvier dernier des dessinateurs Wolinski, Charb, Cabu et Honoré. Alors, Philippe Piguet a monté une exposition “Le dessin engagé” qui rassemble notamment les signatures de Tomi Ungerer ou d’Erro. Il rappelle : “Le dessin de Plantu publié à la une du Monde du 9 janvier dernier, intitulé « La liberté sera toujours la plus forte », reprenait l’œuvre culte de Delacroix, toutes figures brandissant un crayon en lieu et place de la hampe du drapeau, des fusils ou d’autres armes. De tous temps, nombreux sont les artistes qui ont souhaité exprimer leur opinion face aux événements de la société.”

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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