Folk-Rock et protest songs, Dylan s’expose à la Cité de la Musique
Sympa. Se promener dans le couloir tout bleu de l’expo évènement Dylan à la Cité de la Musique. Au fond, il nous regarde, androgyne, jeunesse insolence, bras croisés, dans l’œil du photographe qui l’a capté au cœur de la période phare proposée 1961-1966, Daniel Kramer. Plongée (rapide) dans les textes, les images et la voix du folk singer engagé.
Iconiques, Joan et Bob enlacés dans le flou de la photo en noir et blanc, frissonnantes, les notes de Blowing in the wind, émouvantes, les guitares et les fringues. Bob Dylan, 1961-1966 joue sur l’émotion. La galerie photo de Daniel Kramer distribue des salles thématiques qui pointent les rencontres qui ont transformé l’inconnu Robert Zimmerman en célébrissime Bob Dylan, empruntant son patronyme à un autre poète, Dylan Thomas. Woody Guthrie et ses textes assassins, l’arrivée à New-York et l’influence des écrivains. L’ensemble forge la culture de Bob Dylan et rend limpide la route vers les chansons protestataires.
Elles sont mises en avant par le biais des pochettes de disques, un son diffus et une petite salle dédiée où, quelques casques accrochés au plafond, on écoute quatre protest song célébrissimes : The Times They are A-Changing, Masters of war, It ain’t me babe et The Lonesome Death of Hattie Carroll.
Telle une obsession, deux salles insistent sur l’invention du folk rock. Dylan armé de son harmonica chantant Like a rolling stone sur la scène du Newport Folk Festival de l’été 1965. Mythique.
La scénographie souffre d’une circulation étranglée qui impose une attente et un entassement peu propice à l’attention que demandent les vidéos, les textes, notamment un fac similé du manuscrit de Absolutly sweet Marie.
Au rez de chaussée, le commissaire de l’exposition américain Robert Santelli laisse transparaitre l’amour qu’il porte à la capitale. Une salle est donc entièrement dédiée à Bob Dylan et à sa relation avec la France. A retenir: sa rencontre avec Hugues Aufray, ses promenades sur le boulevard Saint Germain, une virée avec Johnny au volant de son bolide, et un concert à l’Olympia dans un climat tendu. Paris oblige, le côté dandy de Dylan ressort et s’essaie au shopping dans les rues de la capitale.
L’exposition nous en apprend sur l’idole et même plus encore. Le doute plane, agréable sur sa venue en France. On découvre ravis, les images de son entrevue avec Françoise Hardy qu’il souhaitait rencontrer depuis plusieurs années. Isolés dans une loge, il lui aurait fait écouter I Want You et quelques autres de ses compositions. On n’en saura pas plus et c’est tant mieux.
Une projection du documentaire de D.A. Pennebaker Don’t Look Back est aussi programmée. En pleine écriture de ses textes avec Joan Baez, des querelles éméchées à la sortie d’un concert, on découvre l’artiste au quotidien sous plusieurs facettes qu’on ignorait.
Si les photos de Daniel Kramer sont irréprochables, il peut tout de même se vanter d’avoir réalisé les deux pochettes les moins réussies de la carrière de Dylan, (Bringing It All back home et Highway .61 Revisited). A la conférence donnée dans le cadre de l’exposition, il nous apprend que certaines familles américaines interdisaient l’achat du Highway 61 à leurs enfants la jugeant trop obscène (l’entrejambe semble en être la cause) . Après être resté un an avec le chanteur, il explique que sa rupture fut des plus sereines, sans dispute ni de fin de contrat. Chacun est reparti de son côté c’est tout…Like a Rolling Stone ?
Visuel : Bob Dylan WithTop Hat Pointing In Car Philadelphia PA 1964 (c) Daniel Kramer
François Colombi et Amelie Blaustein Niddam
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