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Une escapade dans la forêt créative du musée Zadkine

Une escapade dans la forêt créative du musée Zadkine

02 December 2019 | PAR Caroline Arnaud

Jusqu’au 23 février 2020 l‘exposition au Musée Zadkine nous donne à voir une nature inspiratrice, une nature que l’on représente et qu’on déforme, que l’on fascine et que l’on craint… 

”Le rêveur de la forêt” expose les œuvres d’Ossip Zadkine et met en lumière son rapport au bois. Le désir de la commissaire d’exposition Noëlle Chabert associée à Jeanne Brun est de poursuivre notre connaissance de l’artiste russe. Nous avons découvert avec l’exposition “Etre Pierre” en 2017 dans le même musée Zadkine son rapport à la pierre, cette nouvelle exposition nous révèle les capacités de notre artiste à travailler d’autres matières. La nature, le bois, une matière à sculpter, une matière à penser et à rêver. Le titre de l’exposition est bel est bien autobiographique, Zadkine est ce “rêveur de la forêt”, il l’imagine, la fait vivre dans ses sculptures superbement exposées comme avec Tout un peuple de bois, toute une forêt que nous découvrons dès le début de la visite. 

Le musée Zadkine prend la dimension d’une forêt qui est jonché de trésors, des trésors appartenant aux créations de l’artiste russe mais aussi d’artistes ayant vécu à la même période que lui comme Picasso, Derain, Guillaume Apollinaire… on retrouve aussi des références au milieu artistique dans lequel gravitait Zadkine avec le journal Noa Noa créé par Gauguin. Mais nous avons aussi le plaisir de découvrir plusieurs œuvres qui ne sont plus de la période moderne avec Karel Appel, Jean Arp, Hicham Berrada, Max Ernst ou notre coup de cœur Javier Perez et Germaine Richier. L’exposition met tout le monde à l’honneur et les œuvres dialoguent entre elles. Différents médium sont ainsi exposés, la vidéo, la photographie, ou le son …  le tout nous immerge ainsi dans la forêt du musée Zadkine

Des œuvres figuratives, brutes, “primitivistes”, ou encore symbolistes, surréalistes ou abstraites… Un lieu dans lequel se révèle à nous tous les vestiges d’une inspiration commune pour la nature. A travers les 40 artistes exposés nous avons une image d’une nature- qui traverse le temps et qui se détache de toute mouvance. Les différences plastiques ne choquent pas, le tout coexiste et nous transmet des images de forêt comme source de création plastique dans la partie “lisière” et qui remet à jour un nouveau regard sur la peinture dite “primitiviste”. On retrouve aussi une nature puissante, grande et sous différentes formes pour la seconde partie “genèse” et dans la dernier volet de l’exposition “bois sacré bois dormant”  une nature fantasmée, source de rêves mais aussi d’angoisses. Ainsi les œuvres exposées s’offrent à nous comme des objets vivants qui se meuvent autour de nous. De la matière, des formes, des courbes, notre visite se fait comme une promenade dans une forêt, nous marchons au milieu de formes et de couleurs qui nous surprennent, qui nous rassurent et nous émerveillent. L’immersion se fait complète lorsque nous sommes immergé dans l’installation sonore, Biotope, réalisée par Jean-Luc Hervé, qui  interagit avec nous pendant la “genèse”. C’est comme si nous étions entourés par des bruits d’animaux, des sifflements qui nous surprennent et qui nous amènent à regarder tout autour de nous. Plusieurs œuvres sont comme cachées, comme en suspens au dessus de nos tête, ou sur les fenêtres à nous observer. Notre regard doit flâner de toutes parts dans la salle comme-si nous cherchions à observer la cime des arbres. 

L’immersion est encore plus grande dans la troisième partie de l’exposition dont on aimerait vous présenter les œuvres et l’ambiance de la salle avec plus de détails… En effet après un un passage dans le jardin du musée, nous entrons dans une nouvelle dimension de la nature. La dernière partie de l’exposition s’intitule “bois sacré, bois dormant”. On y est confronté à une nature plus mystique en lien avec la mythologie et un lexique plus fantastique. La grande Daphné et le Prométhée de Zadkine s’élèvent autour des œuvres exposées. Comme des arbres, qui prennent place et s’étirent jusqu’au plafond du musée, on ressent ainsi une élévation et, au regard des autres réalisations qui se partagent l’espace, cette élévation prend une dimension spirituelle. Une des peintures qui fait partie d’une série d’œuvres réalisées par Max Ernst,  La dernière forêt nous fait face en hauteur dès la porte d’entrée. Une salle qui effraie autant qu’elle fascine par les imaginaires des artistes. Cette découverte se distingue des deux premières parties de l’exposition notamment par l’installation vidéo d’Ariane MichelLa forêt des gestes diffusée dans l’ensemble de l’espace nous fait percevoir des sons étranges que nous avons du mal à reconnaître… Il règne dans cette salle une atmosphère très particulière, nous perdons ainsi nos repères avec une nature connue, nous sommes interrogés par ces différentes représentations, des serpents qui grouillent comme des organes Graines serpentes de Laurie Karp ou par la contemplation d’un visage entre la vie et la mort, Le Sommeil d’Auguste Rodin. Est-ce des images de rêves que nous voyons exposées ou une part de la nature qu’il nous reste à découvrir et que les artistes tentent de nous révéler?  

Le parcours de l’exposition parvient à dialoguer avec son espace. La Fondation Cartier collabore (réduction prix du ticket) avec le Musée Zadkine pour l’exposition “Nous les arbres”qui a débuté en juilllet 2019 et qui se terminera le 5 janvier 2020. Les deux expositions nous parlent de la nature mais si vous voulez avez avoir un rapport plus intime à la nature, l’exposition Le rêveur de la forêt est notre première suggestion ! 

Visuel: Image mise en avant: Ossip Zadkine, Tout un peuple de vois, toute une forêt ©ADAGP PAris, 201.Photo ©E.EMO/Musée Zadkine/Roger-Viollet 
Ariane Michel, Les yeux ronds, 2016. Collection de l’artiste ©Ariane Michel
Jean Arp, Croissance, 1938. ©ADAGP, Pris 2019 Crédit Photo ©Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist.RMN-Grand Palais/ image Centre Pompidou, MNAM-CCI Service de presse musée Zadkine
Ossip Zadkine, Daphné, 1939. ©ADAGP, Paris 2019

 

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