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“The in between”, apparition de l’invisible lumière, Alexandra Hedison, à la H Gallery

“The in between”, apparition de l’invisible lumière, Alexandra Hedison, à la H Gallery

15 October 2017 | PAR Bérénice Clerc

Hélianthe Bourdeaux-Maurin, galeriste lumineuse et passionnante, choisit ses artistes et leurs œuvres au coup de cœur. “The in betwen”, les photos de l’exposition d’Alexandra Hedison en sont un. Ses photos troublantes, habitées sont sur les murs de la H Gallery jusqu’au 25 Novembre pour le plaisir visuel et émotionnel des parisiens ou des visiteurs de la capitale.

Alexandra Hedison est très connue aux USA, elle est exposée dans tous les sens du terme. En France Alexandra Hedison est inconnue ou presque, les spectateurs des L Word ont peut-être retenu son personnage dans la série, les fans français d’Ellen de Generes et son Ellenshow savent qu’elle partagea sa vie, les fous de Jodie Foster la jalousent car elle l’épousa en 2014 et leurs yeux transpirent d’Amour !

Hélianthe Bourdeaux-Maurin ne verse pas dans le people, les potins ou le show business, nous non plus et le travail photographique d’Alexandra Hedison est d’un excellent niveau.

Laissons sa vie privée à ceux qui la partagent.

Dès l’entrée dans la galerie une atmosphère apaisante règne, du noir, du blanc, des traces, des espaces vides et pleins, une sensation d’ailleurs comme un transport dans un monde caché d’Alice, Alexandra au pays des merveilles.

Chaque photo est un voyage, l’abstraction, les reliefs, le visible et l’invisible communiquent, chacun ses émotions, les forces des images sont multiples.

Les Parisiens et même les Français des quatre coins du pays vont tout de suite reconnaître ce blanc de Meudon, peinture si particulière pour rendre invisible une boutique fermée ou en travaux. Alexandra Hedison a photographié ainsi Paris, ses vitrines blanchies ou recouvertes de papier.

Le temps passe sur l’espace, les lieux changent en permanence, l’impermanence est partout et devient ici apparente.

Un changement intérieur s’opère, caché, les métamorphoses des lieux publics aiment être inaccessibles pour ne laisser apparaître que le superficiel, la perfection illusoire d’une publicité, d’un monde où le marketing prend hélas de plus en plus de place et nous ferait croire qu’un robot pourrait dépasser l’âme humaine.

La lumière, celle qui éclaire le monde, rend le réel palpable, l’invisible abstraction d’une ombre, une trace, un reflet, la lumière rend la photographie possible. La lumière, l’invisible, l’indicible, l’insurmontable en chacun de nous.

L’état de surface du blanc, ses perspectives, un moment figé dans un espace en mouvement. La lumière se réfléchit dans l’image et sur notre rétine.

Les photographies sont semblables à des peintures, une matière particulière, elle pourrait être peinte.

Des néons encore allumés traversent la peinture blanche, dans cet espace une âme est encore vive.

Sur une autre vitrine un doigt a écrit un mot pour marquer son passage, laisser sa trace dans la trace.La suivante montre des morceaux d’affiches arrachées les unes après les autres, le temps des vivants passés par là, trépassés parfois.

Les photos sont très puissantes comme possédées ; si on veut trouver un nano défaut à la qualité des photos nous pouvons dire qu’il eut été préférable, pour ajouter et renforcer la profondeur et les beautés de ces clichés, de ne pas les imprimer avec une imprimante jet d’encre mais de les développer « à l’ancienne » avec du grain afin de démultiplier les matières et ne pas avoir cet aspect presque trop lisse et parfait.

«The in between», franchit la limite invisible entre être et n’être pas, intraduisible fragilité de la vie ici apparente. Les vitrines sont comme des fantômes surlignant le temps qui passe malgré nous, la terre tourne avec ou sans nous, le monde nous survivra mais chacun y laisse sa trace de vie pour que ceux qui les aiment les poursuivent.

Une profonde fragilité et nostalgie et un amour de la vie avec un regard tendre sur Paris sortent de ces images. Alexandra Hedison montre avec ces abstractions tout ce que l’humain peut cacher dans ses vitrines intérieures. Son monde est riche, chaque photo est une destination à découvrir. Un magnifique travail photographique, un style très personnel et puissant qui parle à tous sans chercher les facilités émotionnelles et racoleuses.

Alexandra Hedison devrait vivre une belle histoire artistique avec Paris et la France qui a la chance de découvrir son travail grâce à l’œil affûté et humain d’Hélianthe Bourdeaux-Maurin qui aime raconter des histoires, créer des rencontres et les partager avec le plus grand nombre.

Très beau choix à expérimenter d’urgence pour les dingues de la photo, les amoureux de Paris, les novices de l’art et les enfants qui peuvent se jeter sans bouée dans le bain de l’art le temps de visiter cette charmante H Gallery.

Visuels (c) : Bérénice Clerc.

Infos pratiques

“L’un dans l’autre” met en abîme l’inconscient du couple, quand l’Un devient Autre
La playlist de la semaine est totalement french
Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

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